T. HAYASHI (1854-1906), marchand d'art, Tokio et Paris. Estampes et dessins du Japon.
Tadamasa Hayashi vint à Paris pour la première fois à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1878, accompagnant Wakaï, expert réputé au Japon, l'un des organisateurs de la section rétrospective japonaise. Connaissant la langue française, il fut à la fois interprète et vendeur, et entra ainsi en relations avec les amateurs d'art japonais, alors peu nombreux. Goncourt en parle dans son Journal (1895) : « Je lui demande qu'est-ce qui l'a poussé à apprendre le français au Japon, et ce qui l'a amené à venir en France. Il me répond que c'est la popularité, au Japon, de l'histoire de Napoléon. Et cette connaissance de l'histoire de l'Empereur lui est arrivée par des livres en langue hollandaise, que son père avait apprise de son maître, un médecin hollandais ». A la fermeture de l'exposition de 1878, il resta à Paris pour liquider le stock invendu, et ce fut l'origine de son commerce. Wakaï, retourné au Japon, lui expédiait des objets d'art qui, par ses soins, prenaient place dans les collections réputées, par exemple celles de Gonse, Edmond de Goncourt, Vever, Gillot, Colin. Au cours d'un voyage qu'il fit au Japon, il se libéra de son association avec Wakaï, et constitua une ample provision de chefs-d'œuvre de toutes les époques, favorisé dans sa récolte par les circonstances politiques troublées de son pays. Il rapporta notamment des estampes d'Outamaro et de Kiyonaga, que se disputèrent les amateurs français qu'il avait contribué à former. Son commerce à cette époque fut intense, non seulement pour les pièces d'art du XVIIIe, mais aussi pour celles d'époques plus robustes, qu'il était parvenu à faire comprendre et aimer. Son renom, sa connaissance du marché français, le firent désigner par son pays comme Commissaire Général du Japon à l'Exposition Universelle de 1900, à la condition qu'il cessât son commerce, qu'il remit entre les mains de ses deux frères Haghiwara et Nagasaki. L'exposition japonaise, et surtout la section rétrospective, eut un plein succès ; l'organisateur en fut récompensé par la Croix de Commandeur de la Légion d'Honneur, distinction qui marque l'apogée de sa carrière. Ses frères montrèrent moins d'habileté que lui dans leur commerce, l'un d'eux, Haghiwara, mourut, et Tadamasa se décida à faire disperser en trois ventes publiques les estampes et objets d'art de l'Extrême-Orient qu'il avait autrefois réunis. Ces ventes eurent lieu en 1902 et en 1903 (16-21 février). Il quitta Paris en 1905 pour se retirer dans sa maison de Tokio, ornée d'œuvres japonaises qu'il aimait particulièrement, et d'œuvres d'artistes français : Degas, Monet, H. Rivière. Il mourut en mai 1906 à l'âge de 52 ans seulement. Raymond Koechlin lui consacra un article dans le Bulletin de la Société Franco-Japonaise (déc. 1906 V). Ses collections d'œuvres d'artistes modernes de l'Europe passèrent en vente à New-York, les tableaux le 10 décembre 1912 (206.575 fr.) et les aquarelles, pastels, dessins, estampes et le reste des tableaux les 8-9 juin 1913.
VENTE : 1902, 2-4 juin, Paris (expert S. Bing). Riche collection d'estampes japonaises, dessins par Hokousai, etc., livres. - Produit 243.000 fr.