numéro
L.2985
intitulé de la collection
Tessin, Carl Gustav
technique marque écrite, encre
couleur brun, noir
localisation recto
dimension
2 renvois  
  • 1921
  • 1956
Comte C. G. TESSIN (1695-1770), ambassadeur, premier intendant, ministre suédois, Stockholm. Dessins et estampes.
 
Le comte Carl Gustav Tessin était le petit-fils et le fils des célèbres architectes Nicodemus Tessin le vieux et le jeune, originaires de Mecklembourg, les principaux architectes de la Suède au XVIIe siècle. Ils lui transmirent leur amour des beaux-arts et, de son père, il hérita particulièrement d'un vif esprit de curiosité (comparez, du père, le journal de son voyage Nic. Tessins Studieresor, utgifna af O. Sirén 1914 et le catalogue de sa bibliothèque et collection artistique paru en 1912). Ainsi doué il se développa si bien qu'il devint le plus fin connaisseur de son pays en matière d'art et le conseiller préféré du roi sur ce terrain ; la construction du palais royal de Stockholm, commencée sous Tessin père, profita surtout de son goût et de son éducation d'architecte. En même temps né diplomate, ses missions à l'étranger et ses relations lui permirent d'approfondir son jugement et de cultiver ses dispositions naturelles de collectionneur. Nommé premier Maréchal à la mort de son père, en 1728, il fut le promoteur du rapprochement de la Suède et de la France. Ses rapports avec l'étranger firent de lui le trait d'union entre l'art national de la Suède et l'art des autres nations ; l'appui qu'il apporta à la fondation de l'Académie des Beaux-Arts est une des preuves du zèle avec lequel il chercha à développer la vie artistique en Suède. A la fin de 1735 Tessin se rendit à Vienne où il fut ministre de la Suède jusqu'en 1737 ; de là il alla à Venise dans le but d'y trouver un artiste pour décorer les plafonds du palais royal. Ses impressions de voyage au cours de cette mission sont consignées dans son intéressante correspondance publiée par le Prof. Sirén (Dessins et Tableaux de la Renaissance italienne dans les collections de Suède, 1902 p. 104 e.s.). A Vienne il entend pour la première fois parler de Tiepolo et il écrit à l'intendant Harleman (voir notre L.2751) : « On m'a parlé et fortement recommandé un peintre nommé Tiepoli. Le connaissés Vous, par hazard ? » Malheureusement les négociations, ouvertes avec cet étonnant décorateur à Venise, échouèrent pour une question de prix et « c'est ainsi que l'une des plus belles espérances de l'art suédois s'en alla en fumée ». Peu après, en 1739, Tessin fut nommé ambassadeur à Paris ; il y resta jusqu'en 1742. Il ne pouvait y tomber à un meilleur moment : c'était l'époque des grandes ventes organisées par un Gersaint, un Mariette. Aussi voit-on figurer son nom, comme acheteur, dans les catalogues du temps, et était-il l'ami de tous les curieux d'alors, ainsi que d'un grand nombre d'artistes. Sa collection, où les anciens tableaux hollandais et les français de son époque abondaient, s'agrandit continuellement ; il réunit aussi une collection importante d'estampes. Il n'était pas homme à laisser échapper l'heureuse occasion d'enrichir sa collection que lui offrit, en mai 1741, la vente du cabinet Crozat, la plus belle vente de dessins qui ait jamais eu lieu (voir L.2951). Tessin y acheta largement et son choix fut bon. Les plus extraordinaires dessins, provenant souvent de la collection de Vasari, se vendaient alors par lots ; A. W. Thibaudeau a établi que Tessin acquit à cette vente 971 dessins des écoles italienne et espagnole pour 2077 livres, 396 dessins des écoles allemande, flamande et hollandaise pour 1116 livres et 243 dessins français pour 674 livres 7 sols. De retour en Suède, après une mission diplomatique à Copenhague (1743), Tessin classa son trésor de dessins, y mit à la plume des indications (par exemple le nom de son père lorsque les feuilles provenaient de lui) et des numéros d'inventaire (voir les spécimens de son écriture ci-contre et au L.2999) et en dressa même un inventaire détaillé, conservé aux archives du Musée National de Stockholm. Mais il semble que sa fortune ait subi des atteintes considérables, conséquences des dépenses qu'il avait dû faire, à ses différentes ambassades, pour tenir son rang de grand seigneur, et sans doute aussi de ses multiples achats en tableaux et dessins. Pour échapper à une ruine certaine, il céda, en 1750, ses dessins (et estampes) au roi Adolph Frederik. A la vente du roi en 1777, son successeur Gustav III les racheta et en fit don à la Bibliothèque royale ; ils forment actuellement le noyau de l'admirable collection du Musée National de Stockholm (L.1980). Tessin conserva pourtant 88 beaux dessins qu'il réunit dans un album et qu'il offrit à la reine Louisa Ulrica ; la liste de ce don important, contenant les noms de célèbres maîtres italiens et hollandais, a été copiée par Thibaudeau et se trouve parmi ses notices conservées au Cabinet de Berlin. Le volume fut légué par la Reine à la princesse Sophia Albertina qui le légua à son tour, avec ses tableaux, à son amant le comte Gustav Harold Stenbock (1764-1833). Le fils de ce dernier le céda en échange de bronzes antiques à un autre gentilhomme suédois, le comte de Barck (voir L.1959). Plusieurs des feuilles le composant ont depuis passé en vente à Paris, le père d'Alph. Wyatt Thibaudeau, le comte Thibaudeau, en acquit la plupart. En dehors de ce volume, Tessin paraît avoir transmis à son beau-frère, Jean-Gabriel Sack, un certain nombre de dessins qui se trouvent encore aujourd'hui chez le Bon O. Sack, à Bergshammar. - Tessin, qui finit par remplir le poste important de premier ministre, de 1747 à 1752, fut, vers l'époque de la vente de ses dessins, nommé gouverneur du jeune prince Gustav. C'est comme tel qu'il écrivit une série de lettres pour servir à l'instruction de son royal élève. Ces lettres, publiées en français en 1755, (éd. allemande en 1756) offrent de très intéressantes données, notamment sur les artistes suédois, sur la reine Christine. Dans l'une d'elles il raconte qu'il s'amuse à classer dans un nouvel ordre, sous la direction de son ami Linné, la riche collection de coquilles rassemblée par ordre de la Reine, et qu'il a lui-même trouvé des pièces rares et précieuses dignes d'enrichir ce cabinet. Après 1752 il paraît être tombé en disgrâce à la cour et les dernières années de sa vie s'écoulèrent dans une situation effacée. Il mourut en 1770 à Âkerö. Ce qui restait de ses collections fut vendu. Il existe de lui un portrait par J. A. J. Aved qui le représente dans son cabinet, tenant une estampe de Jules Romain. Autre portrait par Tocqué. - Pour sa collection de tableaux voir Sander, Nationalmuseum, Bidrag in Taflegalleriets historia, Stockholm 1872 et W. Legran, Tessins Palatset, Stockholm 1912. Voir encore Museum Tessinianum, en latin et en suédois, publié par Linné à Stockhohn en 1753. « Les voyages d'Harleman et de Tessin en France (1732-1742) », article par Pierre Lespinasse (Bull. de la Soc. de l'Histoire de l'Art Français 1910, p. 276-298), et « L'Art Français et la Suède » par le même, dans la même publication, 1911, p. 54-133, 293-337 (particulièrement p. 81-110 et p. 319. « Catalogue de tous les objets qui ont été expédiés à Stockholm de Paris, août 1741 »), et 1912, p. 207 à 245 et 290.
Sur le plat des reliures de ses volumes de dessins conservée au Musée de Stockholm, on lit en or le nom du propriétaire : « CARL GUSTAF TESSIN ».
 
VENTES :
I. 1771, 4-16 février, à la propriété d'Akerö. Dans cette vente on ne présenta qu'une partie des collections et il semble que plusieurs lots restèrent sans acquéreur. On y remarquait surtout des tableaux de Boucher et d'Oudry, des portraits de Coypel, Mijtens et Nattier, et des dessins de Rubens (e. a. Silène ivre), de Boucher (Femme se laçant), Bouchardon, Ostade, Piazzetta, etc., et une gravure en couleurs de Le Blon d'après de Vinci. Voir extrait du catalogue (imprimé à Stockholm chez Hesselberg) dans l'article de P. Lespinasse déjà cité (Bull. de la Soc. de l'Hist. de l'Art Français, 1911, p. 331).
 
II. 1786, 8 mai et jours suivants, Stockholm. Le reste des collections, réunion importante et nombreuse de tableaux, dessins de costumes, dessins de maîtres célèbres, gravures d'ornements et autres estampes, etc. Ce « catalogue de vente à la criée » avait été publié dès 1785. On y retrouvait un certain nombre des tableaux et dessins de la vente précédente.
 
C. G. TESSIN, Stockholm.
 
La vente II de notre volume principal devient III. Voir l'étude de Walfrid Holst, « Hur Carl Gustav Tessin nödgades börja avyttra sina samlingar », parue dans le Nationalmusei Ǻrsbok, 1934, pp. 49-64 (avec résumé français) ; elle est importante pour l'historique des collections.
 
II. 1771, 26 juin et jours suivants, Stockholm. 19 nos de tableaux, 63 d'aquarelles et miniatures, 1 de dessins, etc.
 
IV. 1786, 15 mai - 26 ( ?) juin, Stockholm. Vente combinée des collections de Fr. Sparre et de C. G. Tessin. 20 nos de tableaux, 6 de miniatures, 716 de dessins et 5897 d'estampes.
 
V. 1788, 16 février, Stockholm (sous la direction de Bok-Auct. Kammaren). Mêmes provenances que la précédente. Recueils de dessins et d'estampes.
 

Frits Lugt, Les Marques de Collections de Dessins & d’Estampes | Fondation Custodia