ALBERT
LÉON
VICTOR FINOT (
Troyes 1853-Neuvy-Santour 1941), médecin,
Troyes. Dessins anciens.
Longtemps, l'identité du « docteur
Finot », auquel on avait associé une marque «
AF dans un cercle », avait été perdue ; on ne savait pas très bien à quel médecin de
Troyes ce patronyme se rapportait. On a un temps songé à
Alfred Finot, puis à
André Finot. L'habitude s'est donc instauré de distinguer la marque
AF comme celle de « A.
Finot ». En fait, cette marque réunit les initiales
d'Albert Finot, docteur des hôpitaux de
Troyes, né le 6 octobre 1853 à
Troyes, fils
d'Edme Pierre
Étienne Finot, propriétaire, et de
Léonie Virginie Ludot, son épouse.
Élève de Paul Brouardel, Albert Finot fait des études de médecine et présente devant la faculté de Paris le 10 juillet 1880 sa thèse de doctorat, sur la Marche de la phtisie pulmonaire Établi à Troyes à partir de 1881, il obtient de nombreuses fonctions parmi lesquelles celles de médecin de l'hôtel-Dieu, du Lycée des Écoles normales, des prisons, des pompiers, du théâtre, etc. ; il est aussi resté dans les mémoires comme un philanthrope. Fait chevalier de la Légion d'honneur en 1909, il est promu officier pendant la guerre de 14-18, alors qu'il est médecin chef de l'hôpital. Pianiste de talent, il crée, en 1894, la Société symphonique, réunion de musiciens amateurs et de professionnels locaux. Fin lettré, il entre en octobre 1894, à la Société académique d'agriculture des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube, dont il sera le président en 1905 et en 1914. Il est le seul médecin à occuper un fauteuil de la section des Arts. Dès 1895, il publie dans les Mémoires de la Société académique une Note sur quelques lettres de Descartes à Huygens, un article sur deux collections de lettres vendues en 1825. Albert Finot rédige également de passionnants articles généralement sous forme de rapport concernant ses sujets de prédilections, la médecine et les arts.
Ce médecin polygraphe et musicologue s'avère en outre un collectionneur et un amateur éclairé. Par l'intermédiaire de son fils André Finot, les Archives de l'Aube ont reçu en don divers documents du XVe au XVIIIe siècle relatifs à l'histoire du terroir de la Champagne pouilleuse. Collectionneur de manuscrits, de lettres autographes et amateur de peinture, Albert Finot avait également entrepris une collection de dessins des maîtres anciens et modernes.
Les dessins de cette collection portent généralement une marque AF dans un cercle, apposée en noir au recto des feuilles dans la partie inférieure et sont souvent présentés dans des montages bleus avec le nom de l'artiste inscrit en lettres capitales, peut-être dus à l'encadreur « Auguste Lefèvre Aîné, doreur de la ville, du musée & de la préfecture de Troyes » (Musée de Chaumont, inv. 86.4.1 comme Edme Bouchardon). Au verso de ces montages, Albert Finot a écrit de longues notes contenant différents éléments biographiques sur l'artiste, ainsi que des indications de provenance.
Le docteur Finot s'est éteint dans sa quatre-vingt-huitième année à Neuvy-Santour (Yonne), en 1941, et a laissé sa collection à son fils unique André, médecin à Paris. La collection Finot sera dispersée après la mort de ce dernier en 1980 et sans doute même, en partie, un peu avant. En effet, dès avant 1980, quelques dessins portant la marque Finot étaient déjà en mains privées ou dans le marché de l'art (Troyes, Musée des Beaux-arts, inv. 66.2.1 comme Antoine Sergent, légué par Jean-Camille Niel en 1966 ; Stockholm, Nationalmuseum, inv. NM.116.1974 comme Laurent de La Hyre, acheté à Londres, chez Christie, le 26 juin 1974, n° 28). Quant à la dispersion de l'ensemble de la collection, l'expert parisien Bruno de Bayser se souvient que, à la mort d'André Finot, il y a eu une ou plusieurs ventes de dessins à Troyes dont on ne retrouve pas la trace ; il se souvient aussi d'avoir été consulté par la veuve d'André Finot pour procéder à un partage familial. Ce partage doit correspondre aux quatre ventes qui suivirent à Paris dans des vacations réalisées en 1982, en 1987 et en 2005, où plus de mille dessins seront proposés. On y trouvait plus de soixante-dix pour cent de dessins français, essentiellement du XIXe siècle, quatorze pour cent de feuilles italiennes et sept pour cent de feuilles des écoles du Nord, de qualité bien inégale et très éclectique d'esprit... Environ trente pour cent des dessins sont signalés avec une provenance antérieure dans les catalogues de vente. On relève ainsi les marques des collectionneurs Lempereur, Lagoy, Desperet, Chennevières, Duval Le Camus et Valori, mais aussi de nombreux cachets anglais comme ceux de Lely, Haecken, Richardson, Reynolds, Lawrence ou Thane. Quelques exemples de feuilles de cette collection sont désormais conservés dans des musées français (musée Bonnat-Helleu, musée des beaux-arts de Bayonne, inv. CMNI 3134 comme Moncalvo ; Paris, Fondation Custodia, inv. 1987-T.10 comme Didier Boguet ; Paris, Musée du Louvre, inv. RF 41366 comme Toussaint Dubreuil ; Cambridge, Fogg Art Museum d'Harvard, inv. 1999.16 comme Thomas Blanchet).
VENTES
1982, 19 mars, Paris (par le ministère de Mes Audap, Godeau, Solanet ; expert B. de Bayser). Collection A.F. et à divers amateurs. Dessins anciens et du XIXe siècle. 342.220 francs pour 227 dessins de provenance Finot. Quelques prix : lot 14 attribué à Beccafumi, Hercule au repos, 11500 francs ; lot 30 attribué à Girolamo da Carpi, Femme soignant son enfant, 12500 francs ; lot 84 Laurent de La Hyre, Petits anges soutenant une banderole,16200 francs ; lot 111 Eustache Le Sueur, Le triomphe de Neptune,11800 francs ; lot 134 P.P. Prud'hon, Lamentation sur le corps d'un jeune homme, 37500 francs.
1982, 6 décembre, Paris (par le ministère de Mes Audap, Godeau, Solanet ; expert B. de Bayser). Collection A.F. et à divers amateurs. Dessins anciens et du XIXe siècle. 495 920 francs pour les dessins de provenance Finot. Quelques prix de dessins ayant appartenu à Finot : lot 9 S. della Bella, Paysage,12500 francs ; lot 23 attribué à Lorenzo Lotto, Prophète, 12000 francs ; lot 32 attribué à G.C. Procaccini, Décapitation d'un saint. Scène religieuse, 16200 francs ; lot 44 attribué à T. Viti, Tête du Christ, 98000 francs.
1987, 11 mars, Paris (par le ministère de Mes Audap, Godeau, Solanet ; expert B. de Bayser). Collection A.F. (troisième vente) et à divers amateurs. Dessins anciens et du XIXe siècle. 502 640 francs pour les dessins de provenance Finot. Quelques prix : lot 58 attribué à Courbet, Étude d'homme appuyé, 33000 francs ; lot 122 Granet, Granet, Vue aux environs de Rome, 22000 francs ; lot 133 attribué à Herrera le vieux, Le Christ mort, 10500 francs ; lot 213 attribué à Pieter De Witte, Ange assis, 102.000 francs ; lot 203 Sogliani, La Sainte martyre, 12000 francs.
2005, 18 novembre 2005, Paris (vente organisée par Drouot Estimations ; expert P. Dubois). Collection de dessins appartenant à monsieur AF... et à divers amateurs. 155.600 € pour les dessins de provenance Finot. Lots 1 à 146. Quelques prix : lot 26 F.-A. Vincent, Briséis (?), 4100 € ; lot 45 attribué à P. Longhi, Étude de jeune garçon, 6400 € ; lot 63 école italienne XVIe siècle de l'entourage d'Ammanati, David vainqueur de Goliath, 11000 € ; lot 84 C.P. Bega, Femme debout à la cruche, 4500 €.
BIBLIOGRAPHIE
L. Lhinares, 'Ce cher docteur Finot', dans¨P. Fuhring (dir.), Les marques de collections. I., Actes des cinquièmes Rencontres internationales du Salon du dessin, Paris 24-25 mars 2010, Paris 2010, pp. 135-143.
Date de mise en ligne : mai 2010