numéro
L.4377
intitulé de la collection
Musée des Beaux-Arts de Rouen, donation Henri et Suzanne Baderou
technique marque estampée, cachet sec
couleur
localisation recto
dimension 3 x 5 mm (h x l)
3 renvois  
  • depuis 2010

MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE ROUEN, donation Henri (Saint-Étienne, 1910 ‒ Canet-en-Roussillon, 1991) et Suzanne (1912-1970) Baderou. Dessins et estampes.

Trois marques composées des initiales MRB dans un ovale ont été spécialement créées par le musée des Beaux-Arts de Rouen pour être apposées sur les dessins et les estampes de la donation Henri et Suzanne Baderou, entrée au musée entre 1975 et 1985.
C’est généralement l’œuvre elle-même qui a déterminé le choix de la marque apposée : la première (L.4375), mesurant 7 x 10 mm, est appliquée à l’encre noire ; la deuxième (L.4376), qui utilise une matrice identique, est estampillée à sec ; la troisième, reproduite ici, de plus petites dimensions (3 x 5 mm), est également estampillée à sec. Certains dessins de la donation ont cependant échappé au marquage.
Sur les conseils d’amis conservateurs, l’historien de l’art et marchand d’art, Henri Baderou, avait choisi d’offrir ses collections à un grand musée de province lorsqu’il cesserait son activité. C’est le musée des Beaux-Arts de Rouen qui a eu la chance de recueillir sa donation en 1975. Le donateur a souhaité y associer le nom de son épouse, Suzanne, née Chaumont, disparue accidentellement en 1970. La municipalité de Rouen avait accepté de verser au donateur une rente viagère en contrepartie de sa générosité. Jusqu’en 1985, Henri Baderou l'a en grande partie consacrée à l'enrichissement de sa donation, qui comprend au total 333 peintures, plus de 5 000 dessins, ainsi que des centaines d’estampes, de miniatures, livres enluminés et autres sculptures.
Amateur passionné, Henri Baderou a été l’une des grandes figures du marché de l’art parisien, de l’après-guerre aux années 1970. Doté d’un esprit exceptionnellement curieux, il a su réunir des œuvres représentatives de l’art européen du XVIe siècle au XXe siècle. Comme Jacques Thuillier l’a relevé en 1980 dans le premier et unique numéro paru des Études de la Revue du Louvre et des Musées de France, consacré aux peintures et dessins français de la donation : « La collection de dessins formée par Henri Baderou ne se distingue pas seulement par le nombre de feuilles de haute qualité, et dues aux artistes les plus recherchés par les amateurs ; certaines pièces, certains ensembles offrent des documents particulièrement précieux pour l’histoire de l’art. Cet aspect mérite assurément d’être souligné. ». Les nombreux historiens de l’art qui ont participé à cette publication ont presque tous insisté, en effet, sur la richesse et la variété de la collection, en soulignant la présence de raretés, de pièces atypiques, d’œuvres dues à des figures tombées dans l’oubli. Il serait inutile d’énumérer ici tous les artistes de cette « école » présents dans la donation : il suffira de se reporter à l’ouvrage de 1980 qui rend compte de la variété de son goût. La donation témoigne également de l’importance que Baderou accordait à la constitution d’importants ensembles d’œuvres d'un même artiste. Peintures et dessins des écoles étrangères ont été réunis dans le même esprit. Les Études de la Revue du Louvre et des Musées de France annonçaient un numéro ultérieur qui devait leur être spécialement consacré ; sa publication n’a jamais vu le jour.
La plupart des dessins Baderou avaient été pourvus d’un montage artisanal réalisé par Suzanne Baderou, généralement composé de deux feuilles de papiers de couleurs, avec un ou plusieurs traits d’encadrement posés au crayon de couleur. Ils présentaient une large gamme de teintes. Souvent remplacés au musée par des montages en passe-partout, de nombreux exemples ont été archivés, en particulier ceux annotés par le donateur. Aucun de ses tableaux ni de ses dessins n’était accroché aux murs de son appartement.
Henri Baderou avait déjà offert des dessins au musée du Louvre en 1946, 1967, 1971 et 1974, puis en 1976, soit près d’une trentaine de feuilles, ainsi qu’une peinture de P. Liégeois. La Fondation Custodia a elle aussi bénéficié de sa générosité : deux dessins de Giuseppe Bernardino Bison donnés à la mémoire de Frits Lugt (inv. 1981-T.25 et 26 ; J. Byam Shaw, The Italian Drawings of the Frits Lugt Collection, 3 vol., Paris 1983, vol. I, no 312-313). Baderou fut l’un de ses nombreux collaborateurs, de 1935 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, participant à ses côtés aux répertoires des catalogues de ventes et des marques de collections, mais aussi à l’inventaire général des dessins des Écoles du Nord du musée du Louvre et de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts.
Henri Baderou possédait également une importante collection d’estampes, plus de 3 000 feuilles, réunies comme un outil documentaire. Il avait en outre rassemblé une documentation encyclopédique, dont une grande partie, minutieusement classée dans des boîtes à chaussures, et qui a fasciné tous les visiteurs de son domicile, 25, rue du Faubourg Saint-Honoré. Un contemporain, Pierre Grandville, qui signait parfois ses « Chroniques » dans Le Monde du surnom de Chantelou, a pu le décrire sans le nommer lorsqu’il mentionnait « la quiétude que tire de cette expérience l’homme studieux enfermé dans son cabinet de curieux, échappé d’un corps tellement filiforme qu’on le dirait inutile, l’esprit seul disposé à classer et à fouiller sans relâche des milliers de fiches dont la valeur est aux yeux de l’étranger d’une superficialité absurde et à l’esprit de celui qui les a ordonnées comme virtuellement d’une importance capitale ».
Cette documentation et l’essentiel du fonds d’estampes n’ont pas fait partie de la donation au musée des Beaux-Arts de Rouen, mais ont été vendus à l’Hôtel Drouot à Paris en 1996 par le ministère de Me Cornette de Saint-Cyr, avec le reste des collections qui étaient encore en possession d’Henri Baderou, à sa mort : le 3 juin, Succession Baderou 1re vente. Dessins et tableaux anciens (catalogue) ; le 17 juin, 2e vente. Dessins anciens (liste) ; le 26 juin, 3e vente. Important fonds de gravures (sans catalogue) ; le 30 septembre. Important fonds de documentation artistique et fichier personnel ayant appartenu à Monsieur Henri Baderou (liste). Le contenu de cette dernière vente a été préempté par le département des Peintures du musée du Louvre qui a reversé au département des Arts graphiques du même musée, les gravures incluses dans ce fonds documentaire.
Le musée des Beaux-Arts de Rouen conserve le Portrait d’Henri Baderou peint par sa femme Suzanne (inv. 1975.4.5514).

BILIOGRAPHIE
J. Cailleux, ‘Sur une donation’, Art et Curiosité, mars-avril 1976, pp. 29-33.
P. Marcabru, ‘La donation d’Henri Baderou au musée de Rouen’, Le Point, no 233, 7 mars 1977.
P. Grandville, ‘L’art et l’argent, l’art sans argent. Les bonnes surprises de l’escarpolette’, Le Monde, 19 mai 1977.
Rouen 1977 : Choix de quelques peintures et dessins de la donation H. & S. Baderou, cat. de O. Popovitch, Rouen, musée des Beaux-Arts, 1977.
A. Chastel, ‘La donation Baderou au musée de Rouen. Les surprises d’une collection’, Le Monde, 24 février 1977.
F. Bergot (dir.), ‘La donation Henri et Suzanne Baderou au musée de Rouen. Peintures et dessins de l’École française’, Études de la Revue du Louvre et des Musées de France, no 1, Paris, Réunion des musées nationaux, 1980.
Washington, New York, Minneapolis, Malibu, 1981-1982 : French Master Drawings from the Rouen Museum: From Caron to Delacroix, cat. de P. Rosenberg et F. Bergot, Washington, National Gallery of Art ; New York, National Academy of Design ; Minneapolis, The Minneapolis Institute of Arts ; Malibu, The J. Paul Getty Museum, 1981-1982.
L. Salomé (dir.), Musées de Rouen. Deux siècles de dons exceptionnels, Rouen 2001.
D. Bakhuÿs (dir.), I Grandi disegni italiani delle collezioni pubbliche di Rouen, Cinisello Balsamo (Milano) 2003.
Rouen 2013 : Trésors de l'ombre. Chefs-d'oeuvre du dessin français du XVIIIe. Collections de la Ville de Rouen, cat. de D. Bakhuÿs (dir.), Rouen, musée des Beaux-Arts, 2013.


Date de mise en ligne : août 2013 ; dernière mise à jour : juin 2014.


Frits Lugt, Les Marques de Collections de Dessins & d’Estampes | Fondation Custodia