JOHN BAGFORD (Londres 1650-Islington 1716), antiquaire, auteur et marchand de livres, Londres. Estampes.
John Bagford fut actif comme cordonnier avant de s’intéresser, à partir de 1680, au marché du livre. Il opéra dans le quartier de Holborn, à Londres. Bagford a voyagé à Haarlem, Leyde et Amsterdam et contribua à la formation des collections de John Moore, Robert et Edward Harley, Sir Hans Sloane, Samuel Pepys et John Woodward. Il se lia d’amitié avec Thomas Hearne, Humfrey Wanley et Thomas Baker, et publia par ailleurs des textes au titre d’antiquaire. En témoignent ses éditions des œuvres complètes de Geoffrey Chaucer, réunies par John Urry (Londres 1721). Bagford fut également, avec Wanley et John Talman, l’un des trois fondateurs de la Society of Antiquaires qui se réunit pour la première fois le 5 décembre 1707 à la Bear Tavern, sur le Strand.
Bagford a rassemblé une importante documentation sur l’histoire de l’art de la typographie au cours de sa vie, mais le manuscrit de son « Historical Account of the Art of Typography » n’a jamais vu le jour. La seule publication sous son nom est un article sur l’invention de l’imprimerie, ‘An Essay on the Invention of Printing’, publié par la Royal Society dans ses Philosophical Transactions en 1707 (vol. XXVV, pp. 2397-2410). Sa collection a été formée grâce à des amis à lui, marchands de livres, comme Christopher Bateman. Bagford le précise lui-même : « il m’avertissait toujours quand il avait des livres en vrac à vendre et il m’autorisa à enlever ce qui m’intéressait, comme les pages blanches du début, des vieux manuscrits, pages de titres, frontispices, bordures, devises des imprimeurs, ce qui me permettait d’augmenter considérablement ma collection que j’ai classée en 40 volumes in folio, quarto et octavo, ce qui me permet de montrer les titres de plusieurs centaines de livres du début de l’histoire de l’imprimerie par Caxton à Westminster, jusqu’au XVIe siècle, et non seulement leurs devises, titres, lettres grises, mais des spécimen de leurs lettres typographiques. Et je suis à même de penser qu’il n’existe pas de pareille collection en Europe. » (British Library, Harley 5910, iii 120 ; Steele 1907, p. 224). Après son décès, manuscrit et archives ont été acquis par Humphrey Wanley pour le compte de Robert Harley, Earl of Oxford. Les documents réunis par Bagford furent montés dans 20 livres in folio pour certains, et dans 40 in quarto pour d’autres, ou bien encore classés en feuilles volantes dans 45 portefeuilles, selon le catalogue de la collection Harley publié en 1759 (Harley 5910). Cet ensemble est conservé depuis 1753 à la British Library (Harley 5892-5998), mais peu après 1759, tous les documents conservés dans des portefeuilles ont été reliés en volumes. Les descriptions du second catalogue de la collection Harley indiquent en outre qu’en 1808, de nombreux documents avaient déjà été ôtés des volumes de la collection. Quand, en 1808, le département des Estampes et Dessins fut créé à la suite du vol des estampes de la collection de Cracherode, commis par Robert Dighton (voir L.727), une nouvelle campagne de démembrement des volumes fut entreprise quelques années plus tard, en 1814. À cette occasion, 771 estampes furent retirées de cet ensemble afin d’être classées avec les œuvres des différents graveurs. Ces estampes sont documentées par une liste qu’ont rédigée William Alexander et Henry Ellis. Elles sont enregistrées sous les numéros d’inventaire Gg 4.A à W, chaque lettre étant elle-même subdivisée en une série de numéros. En 1879, le conservateur G.W. Reid répéta cette action et sélectionna à nouveau 1 500 estampes, dessins et eaux-fortes. Il proposa alors de les transférer du département des Manuscrits au département des Estampes et Dessins. Cette initiative ne fut pas couronnée de succès, mais en 1890-1891, 59 volumes de pages de titres et autres fragments imprimés furent transférés du département des Manuscrits au département des Imprimés en échange d’autant de manuscrits faisant partie de la bibliothèque de Glenville. En 1900, suivirent encore 251 estampes, transférées du département des Imprimés à celui des Estampes et Dessins, identifiables par les numéros d’inventaire 1900-10-19-1 à 251. En 1905, une estampe unique du début de l’École anglaise rejoignit les œuvres transférées. Ce sont au total plus de 1 000 estampes qui ont été progressivement déplacées de la bibliothèque au cabinet des Estampes et des Dessins du British Museum.
Cette marque, composée de la lettre B suivie d’un point, a été identifiée par Antony Griffiths comme appartenant à John Bagford (lettre du 24 juillet 1995, archives de la Fondation Custodia). Elle se trouve diversement en bas ou en haut des estampes. Ce n’est pas le collectionneur lui-même qui a ajouté son initiale sur les feuilles de sa collection, mais les conservateurs du département des Estampes et Dessins lors de l’intégration des œuvres de la collection dans le fonds général en 1814.
L’inscription est visible par exemple sur l’eau-forte de James Lightbody, Vieil homme marchant avec une canne (British Museum, Prints & Drawings, inv. 2005, U.148) ; sur l’eau-forte attribuée à Pieter van der Heyden d’après Pieter Bruegel l’Ancien, Elck, publiée par Joannes Galle (id., inv. 2003,U.4) ; sur une eau-forte de Michiel Sweerts, Portrait d’une jeune paysanne, de la série Diversae Facies (id., inv. Gg, 4M.6) et sur l’eau-forte de Richard Gaywood, Portrait de Louis XIV, publiée par Peter Stent (id., inv. Gg,4E.140). La marque se trouve aussi, sans le point après le B cette fois, sur une gravure de François Diodati, Portrait d’Isbrand Diemerbroeck (id., inv. Gg,4E.107).
Portrait de John Bagford, 1728, gravé par George Vertue d’après Hugh Howard.
BIBLIOGRAPHIE
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Date de mise en ligne : février 2015 ; dernière mise à jour : janvier 2016.