D. G. de AROZARENA (vers 1860), Amérique du Sud et Paris. Estampes anciennes et dessins.
D. G. de Arozarena, originaire de l'Amérique du Sud, vint en France vers 1859. Aussitôt il devint le plus grand enchérisseur dans les ventes. C'est lui qui a donné le branle à l'augmentation des prix des estampes en France. Sa collection d'estampes était le fruit de grands efforts. Recueillie sur différents marchés de l'Europe avec une ardeur fébrile, elle fut formée en moins de deux ans ! Son possesseur, désireux de réunir l'œuvre complet de certains maîtres, n'avait donc point le temps de remplacer les épreuves faibles par de plus belles, les états secondaires par de plus rares. A sa vente, faite parce qu'il voulait retourner en Amérique, plusieurs des plus belles estampes ne purent retrouver les prix auxquels elles avaient été payées dans de grandes ventes toutes récentes (e. a. Férol 1859). Le catalogue contenait une préface par un « jeune amateur », (c'est-à-dire E. Galichon) qui, en signalant la préférence que M. Arozarena avait manifestée pour les gravures originales, faisait l'éloge de celles-ci, et affirmait leur supériorité artistique sur les gravures de reproduction. Ce passage excita l'indignation du marchand d'estampes Rochoux, qui ne manqua pas de maltraiter cette introduction dans une brochure curieuse. Après les ventes, M. Arozarena se rendit à l'île de Cuba, emportant un certain nombre de dessins rachetés par lui, e. a. la première pensée de Raphaël pour « la Belle Jardinière » (provenant des collections Crozat, Mariette et Woodburn), qu'il destina au Musée de la Havane. Mais en considération du climat il abandonna cette intention et, revenu en 1862, il l'échangea, avec M. Charvet, contre une série de médailles grecques et romaines. Ce dessin célèbre a depuis été donné au Louvre par Mme Vve Timbal. D'autres dessins vinrent par l'intermédiaire de Passe entre les mains de Mouilleron qui les vendit, quelques jours avant sa mort, à Thibaudeau, pour 11.000 fr.
Malheureusement la marque de cet amateur fait souvent un fâcheux effet à cause de l'encre trop huileuse.
VENTES :
I. 1861, 11-16 mars, Paris (expert Clément). Superbe collection d'estampes anciennes, principalement des XVIe et XVIIe siècles des écoles allemande, néerlandaise, italienne et française. On notait surtout Jac. de Barbari, Beham, Berchem, Les 3 vaches au repos, 1r ét. 1100 fr., Dom. Campagnola, Du Hamel, Dürer, belle série, e. a. Adam et Eve, collection Férol, 1220 fr., La Passion 425 fr., Ste Famille, B. 43, 655 fr., Erasme 500 fr., Duvet, van Dijck, Le Christ au roseau, 1r ét. 890 fr., Paul de Vos, 1r ét. 720 fr., Claude Gellée, Le Bouvier, 2e ét. 405 fr., Lucas de Leyde, belle série, e. a. la Conversion de St. Paul, collection Gawet, 1050 fr. Anonymes : Maître à la navette, le Calvaire 910 fr., Monogrammiste BM, le Corps du Christ, 620 fr., Maître à l'ancre, la Vierge sur un banc de gazon, 700 fr., Maître W ¤, Intérieur de Chapelle, 580 fr., Mantegna, van Meckenen, très belle série de Marc-Antoine, e. a. Jésus Christ chez Simon 820 fr., La Vierge assise sur des nues, B. 52, 1000 fr., Martyre de St. Laurent 1050 fr., Les Cinq Saints, B. 113, 1520 fr., le Parnasse 980 fr., Les Vertus 700 fr. Un œuvre exceptionnel de A. van Ostade, dont les trois pièces capitales se vendirent aux environs de 300 fr., et une série magnifique de Rembrandt, 300 nos qui firent ensemble 36.651 fr. La Pièce de cent florins, provenant de Robert-Dumesnil et annotée par lui « Je n'en connais point de plus belle », puis de la collection Festetits, fit 3120 fr. Il y avait surtout d'admirables paysages et de beaux portraits, e. a. Paysage aux trois arbres, collection Aylesford 1800 fr., Jan Lutma, 1r ét., collections J. Barnard et J. J. Johnson, 1860 fr., Six, 2e ét., de Dom. Artaria et des collections Esterhazy et Férol, 5251 fr. (plus tard chez Didot 17.000 fr.,), Ecce Homo, 1r ét., B. 77, 1020 fr., Les trois Croix, 2e ét., (collection Aylesford) 1861 fr., Le bon Samaritain, 1r ét. 1641 fr., St. François, collection Festetits, 910 fr. Les estampes de Schongauer n'étaient pas moins excellentes : L'Annonciation 1180 fr., La Mort de la Vierge 2700 fr., St. Antoine, ét. non décrit, 1820 fr. Puis encore Ribera, Roos, Ruisdael, Les voyageurs 1r ét. 1280 fr., Bouquet de trois chênes, ét. non décrit, 910 fr. et C. Visscher, Winius, avant le nom, 610 fr., Vondel, 1r ét. 600 fr. - Produit des 950 nos 110.000 fr.
II. 1861, 27-28 mai, Paris. Il est possible qu'il y ait eu, à ces dates, une vente des estampes de moindre importance. Nous n'en avons pas vu le catalogue.
III. 1861, 29 mai, Paris (expert Clément). Dessins anciens et modernes : Vente anonyme de 96 nos. A noter : Charlet, Fête du grand-papa 600 fr., Decamps, Fragonard, Géricault, Girodet-Trioson, Granet, Moine priant 690 fr., Greuze, La Mort du Père regretté 500 fr., van Huysum, Fruits 450 fr., Lantara, Ingres, Sir William Carsnark, 1823, 76 fr., Rembrandt, Repos en Egypte, sept figures, 56 fr., Zeeman et quelques autres maîtres des anciennes écoles italienne et hollandaise.