ALBERTINA, Vienne.
Au moment de la publication de l'édition de 1921 s'effectuait la fusion des deux collections admirables que possédait Vienne, l'une de l'Albertina et l'autre de la Hofbibliothek (nommée Nationalbibliothek depuis 1919). Nous avons pu consacrer quelques mots à ce mariage fantastique aux L.1259 et L.1260 consacré à ce dernier institut. Malheureusement le nom d'une des deux collections fut alors sacrifié et dorénavant on ne parle plus que de l'Albertina, parée ainsi d'une double auréole. La direction se trouva devant une tâche énorme de réorganisation. Dans la section des estampes, des milliers de feuilles demandaient un triage consciencieux ; il fallait aussi tirer profit au mieux des doubles, ce qu'on fit par des échanges et des ventes ; bien entendu la section des estampes, devenue doublement riche, ne présentait presque pas de lacunes. Mais une collection de dessins peut toujours être complétée et c'est donc cette section de l'ancienne « Albertina » qui y gagna le plus. Surtout en dessins primitifs et modernes les acquisitions furent spectaculaires et cela à une époque où les finances du pays ne permettaient aucune aide du côté officiel. Une belle équipe de spécialistes qui entourait le nouveau directeur Alfred Stix (nommé en 1923) sut en même temps assurer la préparation et la publication d'excellents inventaires illustrés à savoir : A. Stix et Mme L. Fröhlich-Bum, Die Zeichnungen der venezianischen Schule, Vienne 1926, Otto Benesch, Die Zeichnungen der niederländischen Schule des XV. und XVI. Jahrhunderts, Vienne 1928, A. Stix et Mme L. Fröhlich-Burn, Die Zeichnungen der toskanischen, umbrischen und römischen Schulen, Vienne 1932, H. Tietze et A. Stix, Die Zeichnungen der deutschen Schulen bis zum Beginn des Klassizismus, I-II, Vienne 1933, A. Stix et Mue A. Spitzmüller, Die Schulen von Ferrara, Bologna, Parma, der Lombarde, Genuas, Neapels und Siziliens, Vienne 1941. En même temps l'ancien directeur de l'Albertina, Joseph Meder, qui démissionna en 1923, soignait l'édition en grand format d'excellents fac-similés des plus beaux dessins, accompagnés d'un texte bien documenté ; ainsi parurent à Vienne Handzeichnungen französischer Meister des XVI. - XVIII. Jahrhunderts, 1922 ; Handzeichnungen deutscher Meister des XV. und XVI. Jahrh., 1922 ; Handzeichnungen alter Meister aus der Albertina und aus Privatbesitz, 1922 ; Handzeichnungen italienischer Meister des XV. - XVIII. Jahrh., 1923 ; Handzeichnungen holländischer Meister des XV. - XVII. Jahrh., 1923 ; J. Meder et A. Stix, Handzeichnungen italienischer Meister des XIV. - XVI. Jahrh., 1925.
Mentionnons encore comme publication plus ancienne l'ouvrage de H. Röttinger, Einzel-Formschnitte des XV. Jahrhunderts aus der Albertina in Wien, Strasbourg 1911. Dans la Festschrift für Max J. Friedländer (1926, p. 312 e. s.) Alfred Stix publia et commenta quelques lettres intéressantes d'Adam Bartsch.
Lorsqu'en 1934 Alfred Stix fut nommé premier directeur du Kunsthistorisches Museum, la direction de l'« Albertina » resta entre les mains de différents conservateurs-administrateurs, pour revenir en 1947 au Dr. Otto Benesch que les événements politiques de 1938 avaient temporairement éloigné. Avec lui un spécialiste sérieux reprenait l'ancienne activité. Dans l'été 1949 une belle exposition des plus beaux dessins de l'Albertina eut lieu dans le bâtiment même de l'Augustinerbastei ; le catalogue avec introduction historique fut le premier d'une série qui s'est continuée depuis par d'autres expositions spécialisées. De 1946 à 1950 des expositions de dessins eurent lieu pour la première fois à l'étranger, à Zürich, Londres, Édimbourg, Leeds, Stockholm et Paris, dans un esprit de fierté et de propagande compréhensible, mais aussi avec une générosité quelque peu exubérante à l'avis des amateurs qui tiennent à la bonne conservation de ces merveilles. Depuis 1949 on appose au verso des nouvelles acquisitions et des feuilles d'ancien fonds qu'on change de monture, un nouveau cachet en caoutchouc aux initiales du fondateur de l'Albertina. Nous le reproduisons au L.5e. Le même cachet en métal sert pour les montures. Ce simple cachet rond a remplacé l'estampille L.5d, qui servit depuis la fusion des deux collections jusqu'en 1948. Les doubles réalisés dans les différentes ventes publiques citées ci-dessous furent marqués de cachets que nous reproduisons aux L.5d (avec mention « veräussert »), L.5f, L.5g et L.5h. La marque L.5g ne fut pas apposée par l'Albertina, mais par la maison Boerner de Leipzig à l'occasion de la vente de novembre 1922. Les doubles vendus ou échangés à l'amiable ont rarement été estampillés. L'expression « doubles » ne s'applique bien entendu qu'aux estampes, dont on peut posséder plusieurs épreuves. Elle ne s'emploie pas pour les dessins ; en effet peu de ceux-ci ont quitté l'« Albertina », seulement par exemple les dessins considérés comme propriété privée de l'archiduc Friedrich pour lesquels nous renvoyons au L.960, et quelques aquarelles autrichiennes du XIXe siècle, souvent d'intérêt topographique, échangées avec des musées de province ou avec des collectionneurs.
La belle bibliothèque d'Albert de Saxe-Teschen, riche en ouvrages anciens, rendue à l'archiduc Friedrich après la nationalisation de l'Albertina fut ensuite vendue, surtout par la maison Gilhofer et Ranschburg.
VENTES :
I. 1922, 13-16 novembre, Leipzig (chez C. G. Boerner). Estampes françaises du XVIIIe siècle. Doubles de l'Albertina et d'une collection allemande, 1602 nos. Préface d'Alfred Stix. Estampes d'après Boucher, Chardin, Fragonard, Lancret, Watteau, etc., et par Drevet, Edelinck, Janinet et J. G. Wille, la plupart en splendides épreuves. L'œuvre presque complet de G. Demarteau appartenait à « l'autre collection ».
II. 1923, 20-22 novembre, Vienne (chez Gilhofer et Ranschburg). Estampes anglaises en manière noire du XVIIIe siècle et quelques estampes françaises de la même époque. 637 Numéros dont 139 d'après Reynolds et 143 par F. Bartolozzi.
III. 1924, 14-15 novembre, Leipzig (chez C. G. Boerner). Vente combinée avec d'autres provenances. Estampes des XVe - XVIIIe siècles. D. Campagnola, l'Assomption 3400 M. ; Rembrandt, La petite Tombe 7500 M., Le Pont de Six 3400 M., La Chaumière et la grange à foin 6000 M., Jean Lutma 6500 M. ; Nic. de Modène, Le Sort de la langue méchante 3800 M., Quatre panneaux d'ornement 6200 M. ; M. Schongauer, La suite des 12 apôtres 8500 M., St. Sébastien 4000 M.
IV. 1925, 25-27 mai, Leipzig (même direction). Vente combinée avec d'autres provenances. Estampes pour la plupart des XVIe - XVIIe siècles : Schongauer, Dürer, Lucas de Leyde, Rembrandt et Waterloo.
V. 1932, 3 mai, Leipzig (même direction). Estampes de maîtres anciens « Aus einer alten Sammlung ». Maître anonyme italien du XVe siècle, Suite des prophètes 5500 M. ; Dürer, Adam et Eve 8000 M., La Naissance du Christ 4000 M., La Vierge allaitant l'enfant Jésus 2700 M., La Vierge au singe 2500 M., St. Eustache 3000 M., St. Jérôme dans sa cellule 5000 M., La Mélancolie 3000 M. ; Maître anonyme allemand du XVe siècle, St. Pierre 2100 M., St. Jacques le Majeur 2100 M., St. Philippe 2500 M. ; Rembrandt L'Adoration des bergers 2700 M., Retour d'Égypte 4100 M., Jésus - Christ présenté au peuple 7500 M., Les trois Croix 23.000 M., Ephraïm Bonus 4500 M.
VI. 1934, 28-29 novembre, Lucerne (Gilhofer et Ranschburg). Vente composée de diverses provenances. Des estampes importantes de Dürer, portant pour la plupart la signature de P. Mariette, puis celles de B. Montagna et de G. A. da Brescia proviennent de l'Albertina.
VII. 1948, 27 novembre, Berne (chez Gutekunst et Klipstein). Estampes modernes, Helvetica. Vente composée dans laquelle passèrent quelques estampes de maîtres suisses du XVIIIe siècle.
VIII. 1949, 17-21 mai, Lucerne (Galerie Fischer). Dans cette vente composée passèrent 70 portraits - miniatures.
IX. 1956, 20 avril, Berne (chez Gutekunst et Klipstein). Vente composée dans laquelle passèrent des estampes des XVe et XVIe siècles.