numéro
L.538d
intitulé de la collection
Cognacq, Gabriel
technique marque estampée, encre
couleur noir
localisation verso
dimension 9.5 x 9 mm (h x l)
  • 1956
  • depuis 2010
G. COGNACQ (1880-1951), directeur des « Grands Magasins de la Samaritaine », Paris. Estampes et dessins.
 
Gabriel Cognacq, né et décédé à Paris, était le neveu d'Ernest Cognacq (1839-1928), le fondateur en 1870 près du Pont-Neuf d'un petit magasin qu'il baptisa en 1876 « La Samaritaine », qui s'est développé et qui est actuellement l'un des plus grands et plus connus de Paris ; Gabriel en prit la direction en 1927, continuant l'œuvre commerciale de son oncle et de sa tante (née Louise Jay, décédée en 1926). Il fut leur continuateur aussi dans les domaines de l'art et de la philantropie. C'est d'eux que lui vient un premier fonds de ses collections. Ernest Cognacq avait, par testament, laissé à son neveu le droit de prélever, dans ses collections, pour cinq millions de tableaux estimés à leur prix d'achat, le reste étant destiné au musée Cognacq-Jay, Boulevard des Capucines. Gabriel, à l'instigation de sa femme, qui aimait la peinture moderne, choisit surtout des œuvres de ce genre. Mais c'est Gabriel lui-même qui, avec une passion ardente servie par sa grande culture et ses moyens financiers, réunit le plus important de son impressionnant ensemble, surtout dans le domaine graphique. Pour ses achats, il n'avait confiance que en lui, il était même parfois quelque peu méfiant des conseils qu'on lui donnait, ce qui explique que quelques pièces se soient glissées chez lui que des spécialistes n'auraient pas acceptées. L'amour du travail lui venait de l'éducation sévère reçue dans le ménage de ses oncle et tante, qui l'avaient en quelque sorte adopté. Etudes secondaires aux collèges Stanislas et Bossuet ; Ecole des Hautes Etudes commerciales ; gradué en 1904 docteur ès sciences juridiques. Initiation pratique au commerce par son entrée, en 1900, comme simple vendeur, aux « Magasins de la Place Clichy » ; débuts à La Samaritaine en 1902, passage dans tous les services, interruption des quatre années de la guerre 1914-18 passées au front (croix de guerre et légion d'honneur), enfin directeur. Membre du Conseil supérieur du Travail (en 1933, démissionnaire en 1936), administrateur de la Fédération des industriels et commerçants, des magasins Paris-France, des Magasins-Réunis, de la Semeuse (société de crédit). Dans son hôtel particulier, 44 Avenue Bugeaud, où il aimait recevoir artistes, écrivains et amateurs, se formait peu à peu l'ensemble hors ligne de tableaux, estampes, dessins, livres rares, objets d'art, bibelots de toute nature et de toutes époques. Généreusement il prêtait dans les expositions, à l'étranger comme en France. Mécène il assura, avec son ami David-Weill, pendant la guerre civile espagnole de 1939, le transport depuis la frontière pyrénéenne jusqu'à Genève des trésors du Prado. On lui doit des dons innombrables, la préservation de l'atelier du sculpteur Bourdelle. Etait du conseil de presque toutes les sociétés d'amateurs, de bibliophiles, d'érudits, et de divers musées, notamment : Société pour l'étude de la gravure française, conseil des Amis de Carnavalet et de l'Union centrale des Arts Décoratifs. Élu membre libre de l'Académie des Beaux-Arts en 1938. Pendant la pénible période d'occupation allemande il accepta de remplacer, mais provisoirement, au poste de président du Conseil des Musées Nationaux, son ami David-Weill contraint d'abandonner ces fonctions. Il assura alors la sauvegarde des richesses des musées ; citons particulièrement son effort personnel en mai 1940 pour les collections du musée de Chantilly. A la même époque troublée, il fut membre du Secours National (octobre 1939) et président de l'Entr'aide d'Hiver de la Région Parisienne, sous l'obédience du Secours National (mai 1940). Il fut démissionné d'office lors de la libération de Paris, août 1944, en même temps que de son poste aux Musées Nationaux, par suite de malentendus au sujet de ses relations avec les autorités d'occupation. Robuste, visage coloré, resté simple, même modeste, malgré sa fortune, Gabriel Cognacq était un cœur d'or, jamais las de donner temps et argent. Fondateur, ou président, ou membre, et toujours bienfaiteur de nombreuses œuvres sociales. Président des « Fondations Cognacq-Jay » : maternités, orphelinats, écoles d'apprentissage, maisons de repos. Aimait la musique, particulièrement la musique sacrée, et soutenait les sociétés qui la font revivre. Les fleurs aussi ; il a créé une école d'horticulture et aidé au développement de l'importante collection de fleurs alpines du parc de la Jaysinia, créé par sa tante dans son pays natal, Samoïns, en Haute-Savoie. Mourut Commandeur de la Légion d'Honneur. Son éloge fut prononcé par Louis Hautecœur à l'Institut de France, Académie des Beaux-Arts, séance du 7 janvier 1953 (publié sous le titre Notice sur la vie et les travaux de Gabriel Cognacq, Paris 1953). Gabriel Cognacq destinait d'abord ses collections à l'Etat, mais douloureusement blessé d'avoir été écarté des milieux officiels à la libération de 1944, il refit son testament et décida qu'à sa mort ses collections seraient vendues au profit des fondations Cognacq-Jay et de ses propres héritiers. Nous donnons plus loin les comptes rendus des dix ventes comportant des tableaux, estampes et dessins ; mentionnons ici les cinq autres : quatre pour la superbe bibliothèque (expert Giraud-Badin) dont trois en 1952 les 19-20 mai (produit 21.265.000 fr.), 24-26 novembre (10.031.300 fr.), 22-24 décembre (4.558.270 fr.), la dernière en 1953, les 10-12 février (1.691.000 fr.) et une pour les objets d'art, meubles et art d'Extrême-Orient les 10-11 décembre 1952 (7.499.150 fr.). Le total des quinze ventes dépassa quatre cent quarante millions (exactement fr. 443.461.070).
Il est regrettable que parfois la marque, déjà un peu grande, trop encrée et apposée un peu trop fortement (souvent vers le centre) soit visible par transparence, au détriment de la feuille.
 
VENTES :
I. 1952, 14 mai, Paris, Galerie Charpentier (experts J. Mathey, Max-Kann et J. Dubourg). 55 Tableaux anciens et modernes, 4 dessins, 2 gouaches, 1 aquarelle et 1 pastel, 6 sculptures. Citons les prix suivants pour les dessins, gouaches et aquarelles : Fragonard, La Rêveuse, coll. Beurdeley 3.100.000 fr., Jeune femme, coll. H. M. Lévy 950.000 fr. ; Lavreince, Le Parfum de la rose, coll. Campe 1.450.000 fr. ; Mallet, Le Miroir et La Lettre 1.200.000 fr. ; H. Daumier, Les Deux confrères, coll. Feydeau 2.300.000 fr. ; Degas, Danseuses saluant (les ballerines), pastel, coll. Nemes 10.500.000 fr. ; Renoir, La Modiste, étude pour les Parapluies, sanguine 3.250.000 fr. - Produit 302.555.000 fr., tableaux compris.
 
II. 1952, 21 mai, Paris (expert Maurice Rousseau). 163 nos d'estampes des XVe - XVIIe siècles. Quelques prix : A. Dürer, Adam et Eve, coll. Seydlitz 210.000 fr., La Nativité, coll. Yorck von Wartenburg 250.000 fr., La Petite Passion (16 pl.) 130.000 fr., La Vierge allaitant l'Enfant Jésus 230.000 fr., Le Violent 82.000 fr., Le Chevalier, La Mort et le Diable 72.000 fr. ; Mair von Landshut, Sainte Anne, coll. Yorck von Wartenburg 700.000 fr. ; Monogrammiste B.M., Saint Jean de Pathmos 310.000 fr. ; Monogrammiste bg, Le Concert 500.000 fr. ; B. Montagna, Apollon et Vulcain 110.000 fr. ; Rembrandt, Tobie le père aveugle 120.000 fr., La Présentation au temple 1.200.000 fr., Retour d'Egypte, coll. Lanna 200.000 fr., La Pièce aux cent florins, 2e état 320.000 fr., Ecce Homo, 7e état, coll. Robert-Dumesnil et Heseltine 1.000.000 fr., Les Trois Croix, 4e, état, coll. Heseltine 750.000 fr., Paysage aux trois arbres 820.000 fr., Le vieux Haaring, coll. Frédéric Auguste II 1.800.000 fr., Lutma, 1r état 150.000 fr., Ephraïm Bonus, 2e état 350.000 fr. ; M. Schongauer, La Vierge recevant l'Annonciation 360.000 fr., L'Annonciation 450.000 fr., La Nativité 105.000 fr., Le Crucifiement 180.000 fr., La Vierge assise dans une cour, coll. Yorck von Wartenburg 1.050.000 fr., Sainte Barbe 100.000 fr., La Vierge sur un trône auprès de Dieu 320.000 fr. - Produit 15.191.100 fr.
 
III. 1952, 11-13 juin, Paris (experts J. Mathey, M Rousseau et Max-Kann). 46 nos d'estampes, 16 nos de dessins, aquarelles, gouaches et pastels, 27 tableaux anciens, puis des objets d'art. Dans les estampes citons : d'après A. Borel, Les Dons imprudents et Le Retour à la vertu 81.000 fr. ; J. B. Huet, Diane et Endymion et Jupiter et Calisto 68.000 fr. ; Lavreince, L'Aveu difficile et La Comparaison 60.000 fr. ; Taunay, la Série des quatre pièces 140.000 fr. Dans les dessins et gouaches : Boucher ; Baigneuse 230.000 fr. ; Charlier, Miss O'Murphy 130.000 fr. ; David, Portrait de Jeanbon Saint-André, coll. marquis de Biron 550.000 fr. ; D. Gardner, La Lecture interrompue 250.000 fr. ; J. B. Huet (attribué à) La Leçon de danse 200.000 fr. ; Lavreince, La Partie de campagne 520.000 fr., Le Soulier 100.000 fr. Parmi les pastels par ou attribués à M. Q. De La Tour : Portrait présumé de d'Alembert, coll. J. Doucet 850.000 fr., Portrait de jeune femme 500.000 fr., Portrait de femme 105.000 fr. - Produit total 53.527.100 fr.
 
IV. 1952, 5-6 novembre, Paris (expert M. Rousseau). 359 nos d'estampes des XVIe - XVIIIe siècles. Tortorel et Perrissin, Tableaux des guerres (48 planches) 100.000 fr. - Produit 1.773.580 fr.
 
V. 1952, 14 novembre, Paris (expert J. Dubourg). 8 nos d'aquarelles, pastels et dessins de l'école française moderne, 40 tableaux et 30 sculptures. - Produit total 12.602.400 fr.
 
VI. 1952, 17-18 novembre, Paris (expert M. Rousseau). 371 nos d'estampes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Prix modérés. - Produit 1.749.020 fr.
 
VII. 1952, 8-9 décembre, Paris (même expert). 374 nos d'estampes romantiques. Prix modérés. - Produit 1.857.690 fr.
 
VIII. 1953, 23-24 février, Paris (même expert). 365 nos d'estampes du XIXe siècle (lithographies et eaux-fortes). Quelques prix : Goya, Désastres de la guerre, premier état 200.000 fr., La Tauromachie, même état 111.000 fr., Planche 33 de la même série, épreuve avant l'aquatinte, premier état non décrit 245.000 fr. ; Toulouse-Lautrec, L'Anglais au Moulin Rouge, litho avec signature autographe 305.000 fr. ; Daumier, Les Gabelous, épreuve inédite, la seule connue, avant toutes lettres 100.000 fr. - Produit 4.080.090 fr.
 
IX. 1953, 12-13 mars, Paris (experts M. Rousseau et A. et G. Portier). 491 nos d'estampes du XVIIe au XIXe siècle : caricatures, portraits, lithographies, estampes japonaises, etc. Prix modérés. - Produit 2.058.630 fr.
 
X. 1953, 27-28 avril, Paris (expert M. Rousseau). « Dernière vente ». 338 nos et des lots ajoutés. Lithographies de E. de Beaumont (6 nos), Cham (1 no), Daumier, œuvre très important (247 nos), Doré (1 album, Les Différents publics de Paris, 20 pl., 6500 fr.), Gavarni (74 nos, 150 à 5000 fr.), Vernier (2 nos), etc. Et des meubles à l'usage des collectionneurs d'estampes et de tableaux (ajoutés, le n° 338 et d'autres, jusqu'à 359). La plupart des nos, même pour les Daumier, étaient des lots comportant plus ou moins de feuilles. Citons seulement : de Beaumont, Quartier de la Boule rouge, album de 50 pl. avant lettre 8100 fr. ; Daumier, La Caricature et La Lithographie mensuelle, 88 lith. (manque 8 pl.) 10.800 fr., Caricature du jour, suite complète de 17 pl. 10.000 fr., Les Etrangers à Paris, 20 pl. (complet) 15.000 fr., Ce n'est pas encore cette fois-ci (L.D. 2134), avant lettre 10.000 fr., Le Commerce un jour d'échéance (L.D. 2173), inédite, 8000 fr., Nadar élevant la photographie ... (L.D. 3248) 8500 fr. - Produit 1.934.370 fr.
 
GABRIEL COGNACQ (Paris 1880-id. 1951), directeur des Grands Magasins de la Samaritaine, Paris. Estampes et dessins.
 
Le Musée Cognacq-Jay, musée municipal de la Ville de Paris, a été transféré en décembre 1990 dans l'hôtel Donon (bâti à la fin du XVIe siècle), rue Elzévir dans le quartier du Marais. Il abrite environ 1200 œuvres du XVIIIe siècle français : peintures, sculptures, dessins et pastels, meubles, porcelaines, ainsi qu'une rare collection d'objets de vitrine (boîtes, nécessaires, étuis, tabatières). Une série de catalogues est en cours de préparation pour inventorier les différents aspects de la collection et nous ne mentionnons ici que ceux qui concernent les dessins.
 
BIBLIOGRAPHIE
M. Forrer, 'Collectors's seals', Andon. Shedding light on Japanese art. Bulletin of the Society for Japanese arts and crafts, hiver 1983, n° 12, pp. 1-10, n° VIII E, 1.
J. Conlin, 'Le Musée de marchandises. The origins of the Musée Cognacq-Jay', Journal of the History of Collections, 12, 2000, 2, pp. 193-202.
N. Lemoine-Bouchard, Musée Cognacq-Jay, musée du XVIIIe siècle de la Ville de Paris. Catalogue des collections, les miniatures, Paris 2002.
Th. Burollet (dir.), Pastels et dessins du musée Cognacq-Jay. Catalogue des collections, Paris 2008.
 
 
Date de mise en ligne : mars 2010.
 

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