numéro
L.567
intitulé de la collection
Arenberg
technique marque estampée, encre
couleur bleu
localisation verso
dimension 10 x 8 mm (h x l)
2 renvois  
  • 1921
  • 1956
  • depuis 2010
Collection D'ARENBERG, Bruxelles et Nord-Kirchen (Westphalie). Estampes.
 
Les princes, puis ducs d'Arenberg comptent, en Belgique, depuis le XVIe siècle, parmi les plus grands protecteurs des arts. Toujours ils se montrèrent des Mécènes généreux et éclairés, soit dans leurs relations avec les artistes, soit dans les commandes qu'ils firent, nombreuses, de tableaux, de tapisseries, d'objets d'art, de dinanderie et de sculpture. En ce qui concerne la gravure, nous trouvons dans les comptes de la Maison, dès le XVIe siècle, des mentions très intéressantes. Qui ne connaît les œuvres parus, au XVIIe siècle, de Visscher, Harrewijn, R. de Hooghe relatives aux vues du merveilleux parc d'Enghien, appartenant à la famille d'Arenberg ? Nous signalerons, entre autres œuvres du XVIIIe siècle les estampes d'A. Cardon, reproduisant les tableaux d'A. Watteau du cabinet du duc d'Arenberg.
Ce fut le duc Louis-Engelbert d'Arenberg (1750-1820) qui contribua le plus à enrichir la collection d'estampes de sa maison, Il rapporta de voyages faits en 1789 et 1791, en France, en Italie et en Suisse, de précieuses séries d'estampes, des dessins à la plume, se rapportant à des vues, à des villes, à des statues de ces pays et principalement de l'Italie. A la même époque furent acquises de nombreuses œuvres d'Eisen, Bartolozzi, Overlaet, etc. Le duc Louis-Engelbert, plus connu sous le nom du « duc aveugle » (il le devint à la suite d'un accident de chasse en 1775), installa dans son château d'Héverlé la famille Ridderbosch, dont les membres, le père J. B. Ridderbosch et les demoiselles exécutèrent, fin du XVIIIe siècle, de nombreux dessins et gravures, copies de tableaux de maîtres, vues de terres d'Arenberg, scène de genre, etc. Wailly travailla aussi pour le duc ; il reste de lui plusieurs dessins coloriés représentant des vues du château et du parc d'Enghien. Dans la première moitié du XIXe siècle fut acquis le fameux album de Lambert Lombard, qui contient plus de 500 dessins originaux du maître. Le prince Auguste-Marie-Raimond d'Arenberg († 1833), mieux connu sous le nom de comte de la Marck, ami de Mirabeau, réunit une collection de chefs-d'œuvre de peinture, qu'il fit reproduire en lithographie par Ch. Spruyt (Bruxelles, 1829). Il était aussi grand bibliophile.
Le duc actuel, Engelbert-Marie (né en 1872), est un ami des arts des plus distingués : peu de manifestations artistiques se sont produites, depuis vingt ans, en Belgique comme en Allemagne, sans sa collaboration ou sa protection. En 1902, après avoir fait faire l'expertise de sa collection par P. Mathey de Paris, le duc allégea ses cartons d'une grande quantité d'estampes, qu'il fit passer en vente publique à Londres. Malgré cette vente, l'ensemble, conservé jusqu'en 1914 au Palais d'Arenberg à Bruxelles, compte encore parmi les plus beaux et les plus riches. Il comprend des œuvres de maîtres flamands et allemands du XVe siècle ; des œuvres de H. S. Beham, N. Berchem, L. Cranach, C. G. E. Dietricy (qui travailla longtemps uniquement pour le duc d'Arenberg), A. Dürer, L. de Leyde, I. van Meckenen, Rembrandt, Schongauer et autres maîtres des écoles du Nord ; des portraits d'après A. van Dijck, etc. On y peut admirer également des pièces de valeur de l'école française et de l'école anglaise ; de précieux recueils de gravures, des livres d'heures imprimés, la riche série d'estampes exécutées par ordre de Louis XIV, connue sous le nom de « Cabinet du Roi » ; des portraits de famille gravés, lithographiés, dessinés à la main, des XIXe et XXe siècles, etc.
La marque est empruntée aux armoiries de la maison d'Arenberg : de gueules à 3 fleurs de néflier d'or, 2 et 1, avec la devise : « Christus Protector meus. ».
 
VENTE : 1902, 14 juillet et jours suivants, Londres (chez Christie). Estampes. Vente très remarquable offrant une quantité énorme d'estampes ; les 40.000 feuilles étaient décrites sous 669 nos et les vastes lots ainsi formés contenaient un grand nombre de pièces intéressantes. Parmi cette profusion de toutes les écoles et époques, on notait surtout les œuvres de Callot, Hollar, Wierix, Lucas de Leyde, Beham, Dürer, Rembrandt, l'Iconographie de van Dijck en plusieurs éditions. L'arrangement de la vente eut ce résultat que la collection fut presque entièrement divisée entre les marchands - Produits £ 3177 9s.
Une partie des nombreuses pièces achetées dans cette vente par la maison Gutekunst de Stuttgart reparut dans la vente faite par cette maison les 27-29 mai 1903.
 
Collection d'ARENBERG, Bruxelles et Nordkirchen.
 
Le duc Engelbert-Marie, cité dans notre article comme chef de la famille, mourut en 1949 à Lausanne et eut pour successeur son fils Engelbert-Charles, 10e duc, né en 1899. Par suite de regrettables controverses les biens de la famille furent séquestrés pendant la guerre de 1914-1918, notamment le palais de Bruxelles. C'est seulement en 1950 que la famille fut de nouveau reconnue belge. Les collections restèrent invisibles depuis 1914, déposées en Allemagne et en Hollande et on ne reverra jamais l'impressionnant ensemble qui para autrefois les deux hôtels d'Egmont, au Sablon, auquel l'archiviste de la maison d'Arenberg, Édouard Laloire, a consacré un si intéressant ouvrage (écrit en 1910 et publié en 1952 à Bruxelles, imprimerie van Muysewinkel). De la belle collection d'estampes des parties importantes furent vendues à l'amiable, d'abord après la guerre de 1914-1918 à un marchand de Londres, puis notamment en 1952 au marchand William H. Schab de New-York. Dans ce dernier lot se trouvaient de fort belles pièces de Schongauer, van Meckenen, Duvet (dont l'Apocalypse qui passa au Musée de Boston), Rembrandt (dont un 3e état des Trois Croix acquis par l'Art Institute de Chicago) et les portraits de van Dijck en premières épreuves à grandes marges. De beaux livres anciens et quelques manuscrits passèrent dans deux ventes anonymes chez Paul van der Perre à Bruxelles, le 28 avril et le 13 octobre 1951 ; ils provenaient du château de Nordkirchen près de Münster (Westphalie). Un très beau choix de manuscrits à miniatures fut exposé pour la vente à l'amiable chez J. Seligmann & C° à New-York en 1952 (beau catalogue illustré). En 1955 la même galerie exposa, dans le même but, une remarquable série d'estampes (Dürer, le maître E. S., I. van Meckenen, Lucas de Leyde) comprenant de grandes raretés. Quelques pièces seulement furent vendues et les autres passèrent le 20 avril 1956 en vente publique chez Gutekunst & Klipstein à Berne. Une des pièces principales de la galerie de tableaux, la tête de jeune fille par Vermeer, passa dans une collection américaine.
Une vente de la « Très belle galerie de tableaux anciens ayant appartenu à la Princesse Charles d'Arenberg » eut lieu à Bruxelles, le 15 novembre 1926 (Galerie G. Giroux, catal. de 108 nos), une autre, de même provenance, «... très belles collections » : tableaux anciens, cuivres et cristaux, porcelaines d'Extrême-Orient et d'Europe, tapisseries, etc., encore à Bruxelles les 22-24 novembre 1926 (même galerie, catal. de 700 nos dont 36 de tableaux), et une troisième, tableaux anciens et modernes et antiquités provenant de la collection « du Prince d'Arenberg », (vente composée avec provenances chevalier de Theux de Meylandt et autres) les 17-18 mars 1939, mêmes ville et galerie (catal. de 598 nos dont 177 pour les tableaux, aquarelles et estampes).
 

Collection d'ARENBERG, Bruxelles et Nordkirchen. Estampes et dessins.

En 1904, membre du Conseil d’honneur de l’exposition de Düsseldorf, le duc d’Arenberg, de Bruxelles, a non seulement prêté des tableaux et des tapisseries de la collection familiale, mais aussi un évangile de la première moitié du XIsiècle (no 522), un livre de messe enluminé de Saint-Aubin de Namur (no 523) et un livre de messe du XVIe siècle (no 597).
Le cachet décrit ici est souvent accompagné par un numéro au crayon. Nous ignorons le sens des numéros, mais ceux-ci ont sans doute été apposés avant la vente de 1902, comme en témoignent nombre d’estampes et de dessins de cette vente, aujourd’hui dans des collections publiques et sur le marché de l’art. Par exemple, une eau-forte de Jacques Dassonville, Les Musiciens champêtres, porte le cachet L.567 accompagné du numéro 2, puis le cachet de Charles-Frédéric Mewes (L.4171). Cette estampe fut achetée par le Dr. Dayton C. Miller, de Cleveland, chez Paul Ritti à Paris en 1928, et offerte à la Library of Congress en 1941 (Washington, Library of Congress, Music Division, inv. 173/M). Un dessin de la collection Rodolfo Lanciani (1845-1929), achetée en bloc en 1929 par la Biblioteca di Archeologia e Storia dell’Arte de Rome (inv. Roma XI.144.17), porte la marque de Franz Rechberger : « F. Rechberger 1798 » (L.2133) et le cachet L.567 accompagné du numéro 483.
Le musée des Beaux-Arts de Liège a acheté en 1959 un album de cinq cents dessins du peintre Lambert Lombard provenant de la collection d’Arenberg, vendu à Londres et depuis jamais revu.
Le cachet se trouve parfois jumelé avec une couronne (L.2769).

SOURCES
Bruxelles, Algemeen Rijksarchief, Arenberg.
Bruxelles, Musée Royal des Beaux-Arts, Archives.
Leuven, Universiteitsarchief, Arenbergarchief.

VENTES
1957, 4 juin, Berne, Gutekunst & Klipstein, vente composée, cinq portraits gravés par Van Dijck : Ph. Le Roy, 1er état 7 400 fr. suisses ; F. Francken, 2e état 1 700 fr. ; J. Suttermans, 1er état 4 200 fr. ; L. Vorsterman, 1er état 4 800 fr. et P. de Vos, 1er état 3 600 fr. Ainsi que quelques pièces dont : Israel van Meckenem, La Mort de la Vierge (cuivre) 1 200 fr., Le Christ montré au peuple (cuivre) 500 fr.
1998, 25 avril, Bruxelles, The Romantic Agony, pp. 20-21 (Bruxelles et ses environs dans la collection d’Arenberg), nos 128-186 (dessins).

BIBLIOGRAPHIE
Düsseldorf 1904 : Kunsthistorische Ausstellung Düsseldorf 1904. Meisterwerke westdeutscher Malerei du andere hervorragende Gemälde alter Meister aus Privatbesitz. Katalog, Düsseldorf 1904.
M.I.D. Einstein et M.A. Goldstein, Collectors’ Marks, Saint Louis 1918 (éd. augmentée de L. Fagan, Collectors’ Marks, Londres 1883), no N-192 (comme Duke of Aremberg).
E. Laloire, Généalogie de la maison princière et ducale d’Arenberg (1547-1940), Bruxelles 1940.
E. Laloire, Histoire des deux hôtels d’Egmont et du Palais d’Arenberg (1383-1910), Bruxelles 1952.
M. Derez (dir.), De blinde Hertog. Louis-Engelbert van Arenberg en zijn tijd, Bruxelles 1996.
J. Roegiers (dir.), Arenberg in de Lage Landen. Een hoogadellijk huis in Vlaanderen & Nederland, Louvain 2002.
Cl. De Moreau de Gerbehaye, M. Derez, A. Mertens, ‘Het archief’, dans Roegiers 2002, pp. 378-383.
A. Verbrugge, ‘De kunstverzameling’, dans Roegiers 2002, pp. 319-345.
S. Prosperi Valenti Rodinò et F. Grisolia, ‘Marchi’, dans Rome 2010 : Le meraviglie di Roma antica e moderna. Vedute, ricostruzioni, progetti nelle raccolte della Biblioteca di Archeologia e Storia dell’ Arte, cat. de M.C. Misiti et S. Prosperi Valenti Rodinò, Rome, Palazzo Venezia, 2010, pp. 173-175, à la p. 174, ill., sous D’Arenberg.
J.-M. Duvosquel et D. Morsa, La Maison d’Arenberg en Wallonie, à Bruxelles et au G.-D. de Luxembourg depuis le XVIe siècle, Enghien 2011.
X. Duquenne, ‘Le graveur Meryon en Belgique pour le duc d’Arenberg, 1857-1858’, In Monte Artium. Journal of the Royal Library of Belgium, 4, 2011, pp. 89-123.
X. Duquenne, Le voyage du duc d’Arenberg en Italie en 1791, Bruxelles 2013.
J. Van Grieken, M. Bassens, ‘Samenstelling en ontmanteling van een verzameling. Het prentenkabinet van het huis Arenberg’, dans M. Derez, S. Vanhauwaert, A. Verbrugge (dir.), Arenberg. Portret van een familie, verhaal van een verzameling, Turnhout 2018, pp. 263-269.


Date de mise en ligne : novembre 2015 ; dernière mise à jour : mars 2019.


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