Collection D'ARENBERG, Bruxelles et Nord-Kirchen (Westphalie). Estampes.
Les princes, puis ducs d'Arenberg comptent, en Belgique, depuis le XVIe siècle, parmi les plus grands protecteurs des arts. Toujours ils se montrèrent des Mécènes généreux et éclairés, soit dans leurs relations avec les artistes, soit dans les commandes qu'ils firent, nombreuses, de tableaux, de tapisseries, d'objets d'art, de dinanderie et de sculpture. En ce qui concerne la gravure, nous trouvons dans les comptes de la Maison, dès le XVIe siècle, des mentions très intéressantes. Qui ne connaît les œuvres parus, au XVIIe siècle, de Visscher, Harrewijn, R. de Hooghe relatives aux vues du merveilleux parc d'Enghien, appartenant à la famille d'Arenberg ? Nous signalerons, entre autres œuvres du XVIIIe siècle les estampes d'A. Cardon, reproduisant les tableaux d'A. Watteau du cabinet du duc d'Arenberg.
Ce fut le duc Louis-Engelbert d'Arenberg (1750-1820) qui contribua le plus à enrichir la collection d'estampes de sa maison, Il rapporta de voyages faits en 1789 et 1791, en France, en Italie et en Suisse, de précieuses séries d'estampes, des dessins à la plume, se rapportant à des vues, à des villes, à des statues de ces pays et principalement de l'Italie. A la même époque furent acquises de nombreuses œuvres d'Eisen, Bartolozzi, Overlaet, etc. Le duc Louis-Engelbert, plus connu sous le nom du « duc aveugle » (il le devint à la suite d'un accident de chasse en 1775), installa dans son château d'Héverlé la famille Ridderbosch, dont les membres, le père J. B. Ridderbosch et les demoiselles exécutèrent, fin du XVIIIe siècle, de nombreux dessins et gravures, copies de tableaux de maîtres, vues de terres d'Arenberg, scène de genre, etc. Wailly travailla aussi pour le duc ; il reste de lui plusieurs dessins coloriés représentant des vues du château et du parc d'Enghien. Dans la première moitié du XIXe siècle fut acquis le fameux album de Lambert Lombard, qui contient plus de 500 dessins originaux du maître. Le prince Auguste-Marie-Raimond d'Arenberg († 1833), mieux connu sous le nom de comte de la Marck, ami de Mirabeau, réunit une collection de chefs-d'œuvre de peinture, qu'il fit reproduire en lithographie par Ch. Spruyt (Bruxelles, 1829). Il était aussi grand bibliophile.
Le duc actuel, Engelbert-Marie (né en 1872), est un ami des arts des plus distingués : peu de manifestations artistiques se sont produites, depuis vingt ans, en Belgique comme en Allemagne, sans sa collaboration ou sa protection. En 1902, après avoir fait faire l'expertise de sa collection par P. Mathey de Paris, le duc allégea ses cartons d'une grande quantité d'estampes, qu'il fit passer en vente publique à Londres. Malgré cette vente, l'ensemble, conservé jusqu'en 1914 au Palais d'Arenberg à Bruxelles, compte encore parmi les plus beaux et les plus riches. Il comprend des œuvres de maîtres flamands et allemands du XVe siècle ; des œuvres de H. S. Beham, N. Berchem, L. Cranach, C. G. E. Dietricy (qui travailla longtemps uniquement pour le duc d'Arenberg), A. Dürer, L. de Leyde, I. van Meckenen, Rembrandt, Schongauer et autres maîtres des écoles du Nord ; des portraits d'après A. van Dijck, etc. On y peut admirer également des pièces de valeur de l'école française et de l'école anglaise ; de précieux recueils de gravures, des livres d'heures imprimés, la riche série d'estampes exécutées par ordre de Louis XIV, connue sous le nom de « Cabinet du Roi » ; des portraits de famille gravés, lithographiés, dessinés à la main, des XIXe et XXe siècles, etc.
La marque est empruntée aux armoiries de la maison d'Arenberg : de gueules à 3 fleurs de néflier d'or, 2 et 1, avec la devise : « Christus Protector meus. ».
VENTE : 1902, 14 juillet et jours suivants, Londres (chez Christie). Estampes. Vente très remarquable offrant une quantité énorme d'estampes ; les 40.000 feuilles étaient décrites sous 669 nos et les vastes lots ainsi formés contenaient un grand nombre de pièces intéressantes. Parmi cette profusion de toutes les écoles et époques, on notait surtout les œuvres de Callot, Hollar, Wierix, Lucas de Leyde, Beham, Dürer, Rembrandt, l'Iconographie de van Dijck en plusieurs éditions. L'arrangement de la vente eut ce résultat que la collection fut presque entièrement divisée entre les marchands - Produits £ 3177 9s.
Une partie des nombreuses pièces achetées dans cette vente par la maison Gutekunst de Stuttgart reparut dans la vente faite par cette maison les 27-29 mai 1903.