Dr. A. STRÄTER (1810-1897), médecin, Aix-la-Chapelle. Estampes et dessins de maîtres anciens.
Le docteur August Sträter, né à Rheine, en Westphalie, d'une famille de riches marchands, fut de bonne heure initié aux beautés de l'art, spécialement à celles de l'école hollandaise du XVIIe siècle, grâce aux tableaux et aux estampes que son père tenait de ses parents qui avaient, à Amsterdam, une succursale de leur maison. Déjà, pendant ses études médicales, il fit un voyage en Italie (1829 et 1831). Bientôt après son activité politique à Bonn et à Heidelberg le menaça d'un procès auquel il échappa, par la fuite, en 1832. Pendant six ans il se perfectionna dans les cliniques de Paris, Vienne, Londres, et Amsterdam. Gracié en 1838, il se fixa l'année suivante à Aix-la-Chapelle, où pendant une soixantaine d'années il exerça sa profession et sacrifia à l'art. Il s'y maria en 1857, et s'y lia d'une amitié intime avec son confrère-collectionneur B. Suermondt (L.415). Ami aussi de Rigal, de Dutuit (L.708) et de Liphart (L.1687), qu'il visita encore à l'âge de 75 ans, à Florence, en 1885. Dès avant sa trentième année, M. Sträter s'était mis à collectionner les estampes ; il n'achetait que les œuvres des maîtres dont l'art fascinait son propre goût, et sa collection se bornait ainsi à Schongauer, Dürer, Rembrandt, et les aquafortistes du XVIIe siècle, généralement de l'école des Pays-Bas. Même prédilection pour les dessins. L'ensemble ainsi formé devint de plus en plus choisi et complet ; l'égale beauté des épreuves en était remarquable, ainsi que leur conservation. Pour enrichir les œuvres de ses maîtres préférés, il mit à profit les ventes des meilleures collections telles que les ventes Verstolk, Six, Alferoff, Galichon, Guichardot, Firmin-Didot, Heimsoeth, Hebich, Buccleuch, Seymour Haden, Mitchell et Holford. Le docteur Sträter était homme de nature simple et forte, d'une sobriété exemplaire, toujours prêt à montrer ses trésors à des amateurs intéressés ; il aimait fournir pendant l'examen toutes les particularités de provenance, de qualité, et les anecdotes que sa riche mémoire recelait (Max Lehrs dans la Kunstchronik 1898 p. 369).
VENTE : 1898, 10-14 mai, Stuttgart (direction H. G. Gutekunst). Estampes et dessins, composant la collection complète laissée par l'amateur. 1228 nos, dont 153 pour les dessins. A cette vente célèbre presque tous les principaux cabinets, amateurs, marchands, étaient représentés, et la plupart des prix dépassèrent ceux payés jusque-là. Des 132 nos de Dürer, qui firent ensemble plus de 35.000 M., les plus beaux, perles de la collection, obtinrent : Les Armoiries à la tête de mort, coll. Holford, 2225 M. et La Nativité, une des plus belles épreuves connues 2560 M. Puis Adam et Eve, 1r ét. 1360 M., La Vierge au singe, superbe, 1500 M., et les autres pièces importantes aux environs de 1000 M. et au-dessous. L'Apocalypse, unique par sa qualité, fit 2450 M., la Vie de la Vierge 1900 M., Le Char de triomphe de Maximilien 1260 M. Dans les feuilles de Schongauer des épreuves extraordinaires de L'Adoration des Rois Mages 1860 M., de la Mort de la Vierge 4000 M., de la Tentation de St. Antoine 1700 M. et du Couronnement de la Vierge, coll. Schlösser, 2350 M. De Lucas de Leyde, La Passion ronde 3100 M. Ensuite, dans les maîtres du XVIIe siècle, Rembrandt dominait avec une superbe série de 250 nos, qui produisit un total de 93.615 M. : L'Annonciation aux bergers, coll. Hawkins et Buccleuch., 2290 M., La petite Tombe, superbe, 2700 M., La Pièce de cent florins, 2e ét. avec marge, superbe, des coll. Roy, Josi, Lawrence, Harding, Maberly et Griffith, 9500 M., St. François au crucifix, sur japon, 1850 M. la rare Bohémienne 1510 M., l'Omval, coll. Hebich, 2300 M., Paysage au trois arbres, même coll. 4800 M., Les trois chaumières, 1r ét. sur japon, 4400 M., même prix pour la Chaumière et la grange à foin, le Vieux Haaring, 2e ét. coll. Seymour 5300 M. De ses contemporains, l'œuvre de Everdingen était particulièrement remarquable ; la vente en bloc ayant échoué, on le détailla ; produit 11.000 M., les plus grandes raretés faisant de 3 à 500 M. De A. van Ostade, superbe série, e. a. La dévideuse devant sa porte 1500 M. et Paysan paysan son écot, exemplaire unique, 2562 M. Enfin encore des pièces excellentes de Berchem, Potter, Ruisdael, Corn. Visscher, Claude Gellée (Le Bouvier, 2e ét. 1100 M. et Le Soleil levant, 1 r ét. 1510 M.), Waterloo. - Dans les dessins se faisaient surtout remarquer les feuilles de Avercamp, Berchem, Both, Boucher (La maîtresse d'école 1510 M.), van Dijck, Lievens, van der Neer, Ostade (Le goûter 670 M.), Rembrandt (Le Christ sur le mont des Oliviers 920 M., Le Saule 1500 M., Paysage, vue de Diemen 1400 M., Lion 1020 M.), Ruisdael, de Vlieger et Watteau (Feuille d'étude avec trois figures de femmes 1950 M.). Produit 225.000 M.