JOSEPH HELLER (Bamberg 1798-id. 1849), Bamberg. Estampes.
Les lettres figurant au centre de cette marque ont été interprétées comme E R, d’après leur reproduction dans le livre de Fagan, mais en réalité il s’agit bien des trois lettres E L et R, et non pas de F et R, contrairement à ce qui a été suggéré récemment (Ehrl 2020, p. 16). La marque a été repérée fréquemment au verso des estampes de la collection de Joseph Heller, conservée à la suite de son legs à la bibliothèque d’État de Bamberg. Qui plus est, le sceau se trouve également à Bamberg et faisait lui aussi partie de la donation. La question se pose dès lors de savoir si les lettres de la marque ne renvoient pas au nom de Heller lui-même. En effet, le E et le R sont parfaitement lisibles, ainsi que la lettre L dans laquelle le R vient s’inscrire, et si on lie ensemble les lettres E + L/R, nous obtenons bien un H. Si notre interprétation est juste, cela explique la raison pour laquelle on retrouve à la bibliothèque d’État de Bamberg 211 estampes de la donation Heller avec cette marque. Il s’agit de gravures de Dürer ou d’après lui, et bon nombre de ces feuilles ont été achetées par le collectionneur au cours de son voyage à Vienne en 1821. Ainsi, on trouve systématiquement le cachet au verso, en bas à gauche, par exemple sur une copie de Hieronymus Wierix d’après Dürer, La Naissance du Christ, achetée par Heller à Vienne en 1821, comme il l’a lui-même indiqué au verso, et, au recto de l’œuvre, on peut lire, inscrite à la plume et à l’encre brune la mention : « H. n. 129. Copie v. Hieron. Wierx. » (inv. O Bb 2a). On trouve également le cachet sur la gravure au burin de l’École italienne d’après Léonard de Vinci intitulée Nœud, elle aussi acquise à Vienne en 1821, comme l’indique une note au verso (inv. I G 41g).
Une fois admise cette nouvelle identification du cachet, il nous reste à expliquer la présence dans d’autres collections muséales, et parfois aussi sur le marché de l’art, d’estampes revêtues de cette marque. Il se peut que, pour sa collection, Heller ait décidé de ne pas conserver toutes ses estampes et qu’il les ait vendues ou échangées. Il est difficile dans l’état actuel de nos connaissances d’en savoir plus car, en dehors de sa donation à la bibliothèque d’environ 50 000 estampes et dessins, nous sommes encore bien mal renseignés sur ses habitudes de collectionneur.
Heller possédait une autre marque avec son nom précédé de l’initiale de son prénom (L.5782), mais après l’étude récemment menée à Bamberg, nous savons qu’un petit nombre seulement d’estampes porte cette marque. Là aussi, nous ne sommes pas en mesure de donner d’explication. Il existe en outre deux autres cachets encore, composés de ses initiales I H, cette fois-ci estampillés à sec ou en noir, mais nous ne disposons pas de bonnes photographies de ces cachets. Il est pourtant évident qu’Heller était favorable à l’idée d’estampiller systématiquement les œuvres sur papier de toutes les collections. Il faut relever, en dehors de sa propre marque, plusieurs dessins pour les marques qu’il avait proposées en 1821 à Josef Grünling de Vienne (voir L.1107 et L.1163).
La marque a été apposée sur des estampes, allemandes pour la plupart d’entre elles, ainsi que Lugt l’a mentionné, et notamment du XVIe siècle, comme par exemple cette gravure du maître MZ (Backnang, Graphik-Kabinett Backnang, inv. 89 R 20) et celle de Georg Pencz, Artémise buvant les cendres de son époux Mausole (Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-P-1904-3745. Au verso figurent aussi la marque de John Tetlow, L.2868, et celle du musée, L.2228a). Mais elle est également apposée sur des estampes d’autres époques, comme par exemple l’estampe de Christian Wilhelm Ernst Dietrich (1712-1774) [cat. C.G. Boerner, Schwarz auf Weiss. Deutsche Graphik zwischen 1470 und 1870, Düsseldorf 1978, no 62].
La marque a également été signalée sur des estampes hollandaises et flamandes : Le Jeu de ‘kolf’ de Rembrandt (vente 1962, 29 novembre-1er décembre, Munich, Karl & Faber, no 272, avec L.2120) ; sur une eau-forte attribuée à Quirin Boel d’après David Teniers, Deux couples de paysans dansant et deux musiciens devant une ferme (Amsterdam, Rijksmuseum, Rijksprentenkabinet, inv. RP-P-1880-A-4360), et sur une eau-forte de Jan Lauwryn Krafft d’après David Teniers, Deux hommes et un chien devant une ferme (id., inv. RP-P-1880-A-4363).
Pour plus d'informations sur Joseph Heller, lire la notice principale, L.5782.
SOURCE
A. Wyatt Thibaudeau, Dictionnaire des marques et monogrammes d’amateurs, manuscrit, Berlin, Kupferstichkabinett, WGa 0 19, fol. 89 (comme non identifiée).
BIBLIOGRAPHIE
L. Fagan, Collectors’ Marks, Londres 1883, no 169 (comme non identifiée).
F. Ehrl, ‘Die Sammlungsgenese’, dans F. Ehrl et E. Juntunen (dir.), Joseph Heller und die Kunst des Sammelns. Ein Vermächtnis im Herzen Bambergs, Bamberg 2020, pp. 12-25, à la p. 16, fig. 8 (comme non identifiée).
Date de mise en ligne : décembre 2012 ; dernière mise à jour : février 2021.