numéro
L.907
intitulé de la collection
Santarelli, Emilio
technique encre, marque estampée
couleur bleu
localisation recto
dimension 8 x 6 mm (h x l)
  • 1921
  • depuis 2010
E. SANTARELLI (1801-1886), sculpteur, Florence. Dessins et estampes.
 
« Commodore » Emilio Santarelli, fils du célèbre, sculpteur de camées et de médailles Antonio Santarelli, se voua comme son père à la sculpture. Il étudia à l'Académie de Florence où il finit par devenir professeur. On lui doit des bustes dans le musée d'histoire naturelle à Florence, une statue de Michel-Ange dans une des niches des Offices, etc. Il se forma une riche collection de dessins de maîtres anciens et modernes, où dominaient les anciens maîtres italiens. Par acte du 28 septembre 1866 il donna cette collection, pas moins de 12.460 feuilles, à la « Galleria degli Uffizi ». Elle fut décrite en un catalogue de 900 pages qui parut en 1870 chez Cellini & Co, mais qui ne fut pas mis dans le commerce. Tout en formant sa collection de dessins, Santarelli avait senti le besoin d'étendre aussi ses études aux gravures. Une collection d'estampes, très importante également, en résulta. En tâchant de la compléter au fur et à mesure, il mit la main sur mainte feuille unique ou non décrite. En sa qualité d'artiste, il était sévère dans son jugement sur la qualité et la valeur artistique, et comme sculpteur de statues et de bustes il fut conduit à s'intéresser particulièrement aux graveurs de portraits néerlandais et français. Son activité de collectionneur remonte à 1820 et se manifesta pendant une cinquantaine d'années.
 
VENTE : 1871, 27 novembre et jours suivants, Leipzig (dir. W. Drugulin). Estampes anciennes, 2806 nos, y compris quelques livres, beaux portraits gravés, surtout de van Dijck Nanteuil, Drevet beau choix de Rembrandt, Ostade et Everdingen, de Callot et Claude Gellée et pour les italiens, de Pollajuolo, Mantegna, Montagna, Campagnola, Nicoletto, Marc-Antoine, etc. Dans les maîtres des XVe-XVIe siècles surtout Maître E. S., Schongauer, Dürer, Lucas de Leyde. La série des estampes d'ornements était particulièrement intéressante mais elle comprenait un certain nombre de feuilles d'autre provenance. Remarquables nielles. - La préface du catalogue contient le passage suivant qui fait pressentir la rédaction en langue allemande qui ne tardera pas à être adoptée dans les années suivantes pour les catalogues d'estampes publiés en Allemagne : « Pour le choix de la langue dans laquelle le catalogue présant sérait à écrire, nous avons dû nous faire guider de la considération que, quoique écrit par un bon Allemand et publié au cœur de l'Allemagne même, il devait s'adresser à des lecteurs de nationalités diverses qui ont été accoutumés, depuis le temps de premières publications chalcographiques, à considérer le français comme la langue d'intercommunication générale en matière d'art ».
EMILIO SANTARELLI.
 
La collection de dessins de Santarelli apporta aux Offices entre autres un groupe de dessins espagnols, le plus important hors d'Espagne. Parmi les dessins se trouvaient plusieurs feuilles portant le paraphe du célèbre collectionneur Jabach (L.2959), par exemple une étude de Michel II Corneille pour le Voyage de Jacob d'après Castiglione. On y rencontre aussi des dessins de la collection du marquis del Carpio, réuni par le Padre Resta à Madrid en 1746, dont le frontispice du volume intitulé Libro de disegni di scelti autori raccolti a Roma, peut-être dessiné par Paul Schor. Santarelli avait l'habitude de coller ses dessins sur un gros carton bleu qu'il encadrait d'une large bande marron, en ajoutant des filets à la plume d'épaisseur variée, de toute évidence en s'inspirant des montages de Mariette. Le collectionneur inscrivait sous les dessins le nom de l'artiste ; toutefois ses identifications n'ont pas souvent été reprises par les spécialistes du dessin.
Dans la préface du catalogue de la vente de 1871 (pp. V-VIII), W. Drugulin explique que le but premier de Santarelli était de réunir une importante collection de dessins de maîtres et que la collection des estampes était d'abord secondaire. Mais il prit conscience que les estampes des peintres-graveurs pourraient apporter une aide fort commode pour « arriver à une distinction positive des maîtres entre eux-mêmes », pour distinguer aussi le maître de l'élève et séparer le vrai du faux. Drugulin poursuit : « La meilleure solution qui se présentait, et la plus pratique, c'était d'arriver à connaître ces maîtres par un assemblage de leurs œuvres reconnues sans dispute et du même temps accessibles à toute heure, sans la nécessité de courir les galeries et les musées, - bref à avoir sous la main un dossier d'autographes ou pièces de conviction, prêt à être consulté en cas de doute. Arrivé une fois à cette conclusion, M. Santarelli s'occupait sérieusement de la recherche des gravures des peintres-graveurs. » En ces quelques lignes, Drugulin présente le changement de statut de la collection des estampes par rapport à celle des dessins. Cette même idée a été partagée par bien d'autres collectionneurs dans toute l'Europe, mais peu d'auteurs l'ont exprimée aussi clairement.
Nous ignorons sur quoi s'est basé Lugt pour affirmer qu'un certain nombre de feuilles de la série des estampes d'ornements de la vente de 1871 auraient une autre provenance.
 
BIBLIOGRAPHIE
[A. Gotti], Catalogo della Raccolta di Disegni Autografi antichi e moderni donato dal Prof. Emilio Santarelli alla Reale Galleria di Firenze, Florence 1870.
Florence 1967 : Disegni italiani della Collezione Santarelli. Sec. XV-XVIII, cat. par A. Forlani Tempesti, M. Fossi Todorow, G. Gaeta Bertelà et A.M. Petrioli, Florence, Gabinetto disegni e stampe degli Uffizi, 1967.
C. Monbeig Goguel, 'Les artistes florentins collectionneurs de dessins de Giorgio Vasari à Emilio Santarelli', dans C. Monbeig Goguel (dir.), L'Artiste collectionneur de dessin, I. De Giorgio Vasari à aujourd'hui, actes du colloque Rencontres internationales du Salon du Dessin, 22-23 mars 2006, Paris 2006, pp. 56-58.
L. Pellicer, 'François-Xavier Fabre (1766-1837) et Emilio Santarelli (1801-1886) dans le Fonds Piancastelli de la Biblioteca Comunale de Forlì', dans F. Garavini (éd.), Carteggi ritrovati (Quaderni Piancastelli 4), Bologne 2007, pp. 11-166.
 
 
Date de mise en ligne : mars 2010.

Frits Lugt, Les Marques de Collections de Dessins & d’Estampes | Fondation Custodia