GIUSEPPE VALLARDI (Milan 1784-id. 1861), marchand d’estampes, dessins et livres, éditeur d’estampes, Milan. Sur les dessins vendus par lui.
Le début de la maison Vallardi, marchand et éditeur d’estampes et de livres, commence avec Francesco Cesare Vallardi (1736-1799). Il avait hérité de son oncle Giulio Scaccia une librairie qu’il a activement développée. Ses fils Pietro (1770-1819) et Giuseppe augmentent considérablement l’activité d’édition des estampes. Ils étaient installés à Milan dans le Contrada di S. Margherita num. 110 à l’enseigne de l’étoile dorée (Stella d’Oro).
Vers 1814 ils ont ouvert une succursale à Paris, Boulevard Poissonnière, no 5 ; en 1826 ils déménagent au boulevard Montmartre, no 10 et, en 1829, sur le quai Malaquais, no 15. De 1814 et jusqu’en 1830 des gravures et lithographies éditées à Paris et éditées à Milan mais importées en France par Vallardi sont mentionnées dans la Bibliographie de la France. Ils éditaient régulièrement avec leurs collègues parisiens comme Engelmann, Chaillou-Potrelle (L.619) et Hautecoeur-Martinet.
Les deux frères utilisèrent un cachet pour marquer les estampes vendues par eux, Fratelli Vallardi (L.2478), mais sur les dessins vendus on trouve le cachet décrit ici aux lettres GV ce qui laisse supposé que cette dernière activité s’est développé après le décès de Pietro. Il existe aussi un second cachet de plus petit format, utilisé sur les dessins, L.1223a. Le quatrième cachet lié à la famille Vallardi, précédé de la lettre F, appartient vraisemblablement à Francesco Santo Vallardi (1809-1895), fils de Pietro (L.2477).
Dans la collection des lettres autographes de la Fondation Custodia se trouvent deux missives adressées par le graveur Raffaelo Morghen aux frères Pietro et Giuseppe Vallardi. La première a été envoyée de Florence le 4 mai 1805 et concerne l’autorisation que donne Morghen au peintre et graveur Carlo Lasinio de toucher une somme que certains correspondants lui doivent (inv. 1990-A.225). La seconde a également été envoyée de Florence aux frères Vallardi le 22 septembre 1812 et concerne, elle, le refus de Morghen de leur accorder une réduction sur le prix de vente de ses estampes supérieure aux 30 % convenus. Il évoque dans cette lettre le coût d’impression des estampes, la fatigue qu’a entraînée son travail intense, et se demande pour finir ce que tout cela peut bien lui rapporter… (inv. 1990-A.228).
Giuseppe Vallardi était aussi un éditeur important d’estampes, comme en témoigne le catalogue qu’il édita en tant que successeur de son frère aîné, Pietro Vallardi : Catalogo dei piu celebri intagliatori in legno e in rame a capiscuola, disposto per ordine cronologico colla indicazione delle loro opere principali. delle loro opere principali, inclus à la fin de : Introduzione allo studio delle arti del disegno e vocabulario compendioso delle arti medesime, Milano, Pietro e Giuseppe Vallardi, calcografi e librai in Sa. Margherita al N°. 1101, 1821, tome I, pp. 245-281.
Il est intéressant à noter que Giuseppe continua à travailler après le décès de son frère sous la raison sociale de Pietro et Giuseppe Vallardi. Cela est même indiqué clairement sur l’étiquette qu’il pouvait coller sur la couverture des livres vendues par lui, comme par exemple sur la couverture de Fischer von Erlach, Entwürf einer Historischen Architectur…, Leipzig 1725 (coll. part.) : « Magasin de Pierre et Joseph Vallardi de Milan. Appartenant exclusivement à Joseph Vallardi, Éditeur de Livres, de Cartes Géographiques et de Lithographies. Négociant de ces mêmes objets d’Artistes anciens et modernes ainsi que de tout article rélatif aux Arts du Dessein de tout genre et de tout pays et Commissionnaire. à Milan Rue de S. Marguerite N. 1101 et à Venise sous le Procuratie Vecchie N. 129 et 130. » En plus, cette étiquette nous fait comprendre qu’il avait ouvert un point de vente à Venise.
Giuseppe possédait entre autres des cuivres – qu’il réédita – d’Andrea Mantegna, Robetta ou Rubetta, Marc’Antonio Raimondi et Annibale Carracci.
Une nouvelle édition du catalogue de leur fonds est parue en 1824 : Catalogo delle stampe tanto in nero che a colori componenti il fondo della calcografia di Giuseppe Vallardi sotto l’antica ditta di Pietro e Giuseppe Vallardi, editori, negozianti di Stampe e libri contrada di S. Margherita, n. 1101. Milano, MDCCCXXIV. La vignette sur la page de titre de ce catalogue, gravée sur bois, montre une presse en taille douce dans un cartouche formé d’un serpent qui mangent sa queue, embelli d’un compas, un pinceau, une porte crayon et une plume d’oie, porte en bas le monogramme formé des lettres P G V, de Pietro et Giuseppe Vallardi. Le modèle se trouve dans l’œuvre de Giovanni Battista Piranesi, utilisé dans Lettere di Giustificazione…(Rome 1757) et dans Lapides Capitolini… (Rome 1762), avec la belle citation Georgiques de Virgile, gravée au milieu : « Labor omnia vincit » significant « Un travail acharné vient à bout de tout. » Nous ignorons si Vallardi a eu connaissance d’une de ces planches de Piranesi, mais la même vignette réapparait sur la planche 16 de la suite d’estampes de Pietro Ruga d’après Luigi Roccheggiani, Invenzioni diverse di mobili ed utensili sacri et profani, publiée par les frères Vallardi en 1817.
En 1832, une publicité annonçait à nouveau des livres sur les beaux-arts récemment publiés par Vallardi : Libri di Belle Arti, di recente, pubblicati e vendibili della stessa Ditta Pietro e Giuseppe Vallardi, imprimée sur la chemise d’une livraison du Giornale delle Arti del disgno. ... Manifesto, Milan 1832.
Le cachet de Vallardi se rencontre assez souvent, par exemple en bas à droite, sur un dessin anonyme avec, au recto, la Pentecôte et, au verso, une Études de figures (A.E. Popham et Ph. Pouncey, Italian Drawings in the Department of Prints and Drawings in the British Museum. The fourteenth and fifteenth centuries, Londres 1950, no 291, pl. CCLVIII. Sur la feuille figure aussi la marque apposée par le British Museum après l’achat de la collection de J. Malcolm, L.1781). Elle se trouve également en bas au milieu d’un dessin attribué à Hieronymus Vischer, Projet de vitrail avec le repas de Pâques (Bern, Kunstmuseum, inv. A 7686. Voir Alte Meister. Zeichnungen und Aquarelle aus der Graphische Sammlung, Bern 2000, pp. 52-53. Avec le cachet L.897). Un groupe important de dessins de cette collection a fait partie de celle de l’avocat milanais Umberto Osio (1891-1967), achetée en 1996 par l’État italien pour la collection de l’Istituto Nazionale per la Grafica de Rome. Parfois le cachet figure en bas au milieu, par exemple, sur un dessin anonyme d’encadrement d’après l’eau-forte d’Antonio Fantuzzi de 1544-1545 (Paris, musée des Arts décoratifs, inv. 21971 A).
Il arrive que l’on trouve sur le même dessin non seulement la marque L.1223, mais aussi la L.1223a. Nous ne savons pas expliquer la présence des deux marques, par exemple sur le dessin de Ghirlandaio, Homme assis et, au verso, Femme assise (Rotterdam, Boymans Van Beuningen Museum, inv. I 493, avec la marque de la collection Franz Koenigs, L.1023a) et sur celui de Baccio Bandinelli, Homme nu assis entouré de deux figures (vente 2019, 27 mars, Paris, Christie’s, no 1).
Un grand nombre de dessins de la collection Vallardi portent une lettre suivie par un numéro à la sanguine, soit au verso soit au recto. Nous ne sommes pas sûrs qu’il s’agisse d’un numéro de portefeuille suivi d’un numéro d’ordre, comme cela a pu être suggéré. La signification de ces annotations n’a pas encore été élucidée.
Il existe, aussi, hélas, une fausse marque Vallardi. Estampée sur de faux dessins dans le style de Guercino, on a pu la rencontrer sur le marché de l’art à Rome au début des années 1990. Elle est peut-être à rapprocher de l’activité du faussaire Eric Hebborn (avec une fausse marque de Carlo Prayer, voir L.2044).
SOURCES
A. Wyatt Thibaudeau, Dictionnaire des marques et monogrammes d’amateurs, manuscrit, Berlin, Kupferstichkabinett, WGa 0 19, fol. 833 (d’après Fagan).
BIBLIOGRAPHIE
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L. Fagan, Collectors’ Marks, Londres 1883, no 241.
L. Both de Tauzia, Musée national du Louvre. Dessins, cartons, pastels et miniatures des diverses écoles, exposés, depuis 1879, dans les salles du 1er étage. Deuxième notice supplémentaire, Paris 1888, pp. 187-201, Appendice. Marques des principales collections de dessins, à la p. 199.
Rome 1989 : Disegni Veneti e Lombardi dal XVI al XVIII secolo, cat. d’U. Ruggeri, Rome, Istituto Nazionale par la Grafica, 1989, p. 11, fig. 1 (ill. de la marque).
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P. Parigi, ‘Marche di collezione e contrassegni’, dans Rome 2006 : L’Artista e il suo atelier. I disegnidell’acquisizione Osio all’Istituto Nazionale per la Grafica, par G. Fusconi et A. Canevari, Rome, Istituto Nazionale per la Grafica, Palazzo Fontana di Trevi, 2006, p. 208, no 27 (ill. marque et liste de numéros d’inventaire de la collection Osio achetée par l’Istituto Nazionale per la Grafica).
V. Mancini, ‘Da Pierre-Jean Mariette a Vittorio Cini : ‘Genealogia’ di una raccolta du grafica’, dans G. Pavanello (dir.), Le carte riscoperte. I disegni delle collezioni Donghi, Fissore, Pozzi a la Fondazione Giorgio Cini, Venise 2008, pp. 11-14, à la p. 13.
Date de mise en ligne : décembre 2020 ; dernière mise à jour : septembre 2021.