numéro
L.1507
intitulé de la collection
Heseltine, John Postle
technique marque estampée, encre
couleur noir
localisation verso
dimension 5 x 9 mm (h x l)
1 renvoi  
  • 1921
  • 1956
  • depuis 2010
J. P. HESELTINE (né en 1843), agent de change et graveur, Londres. Dessins anciens et estampes.
 
John Postle Heseltine, homme de bourse par métier et artiste par nature, compte parmi les plus fins connaisseur des temps modernes. Il a fait de charmantes eaux-fortes, mais, comme artiste, Bénézit le confond à tort avec son frère Arthur, vivant à Marlotte (S. et M., France). « Trustee » de la National Gallery depuis 1893. En 50 ans il sut réunir une merveilleuse collection de dessins anciens des différentes écoles, où les plus grands maîtres étaient représentés par de nombreux et excellents spécimens : plus de soixante-dix de Rembrandt, trois excellents portraits par Holbein, superbes Dürer, e. a. le portrait de Margaretha von Hohenzollern, les meilleurs hollandais et, comme flamands, Rubens et van Dijck, d'admirables français, surtout Watteau et Boucher, neuf dessins de Raphaël provenant, ainsi que ses dessins de Michel-Ange, le Pérugin, Fra Bartolommeo, Ghirlandajo, Carpaccio, de l'Album Constable, etc. La plus grande partie de cette collection, 600 feuilles environ, fut acquise à l'amiable en octobre 1912 par la maison P. & D. Colnaghi & Obach pour un gros prix, qu'on a dit être £ 150.000. Tous ces dessins furent revendus de la main à la main, exceptés une grande partie des Rembrandt et des dessins hollandais (voir ci-dessous). Les dessins français (hormis les 40 Claude que le Louvre acquit en 1918 au prix de 80.000 fr.) furent décrits et reproduits dans un beau catalogue par les soins de Lucien Guiraud et exposés à Paris à la Galerie Georges Petit, juin 1913. Le British Museum acquit un choix de divers dessins rares et intéressants de différentes écoles. Les dessins italiens passèrent pour la plupart à l'amateur H. Oppenheimer (voir L.1351). Enfin les dessins allemands s'en allèrent dans différentes collections. Les dessins que le collectionneur s'était réservé lors de la vente de 1912, et dont plusieurs étaient encore de la plus belle qualité, furent cédés quelques années après, à l'amiable, à différents marchands et amateurs, lorsque l'occasion s'en présentait. M. Heseltine a fait reproduire ses plus beaux dessins dans une série de volumes in-8°, publiés un par année, non mis dans le commerce, mais distribués parmi ses amis à l'occasion du nouvel an. En voici la liste complète : 1899 Fifty engraved gems, - 1900 Drawings by Boucher, Fragonard and Watteau, - 1901 Drawings by Claude Gellée, - 1902 British Drawings, - 1903 Drawings in Colours, - 1906 Drawings by Old Masters of the School of North Italy, - 1907 Drawings by Rembrandt, - 1908 Ten little Pictures, - 1909 Ten more little Pictures, - 1910 Drawings by Old Masters of the Dutch School, - 1911 Drawings of the French School, - 1912 Drawings chiefly of the German School, - 1913 Drawings by Old Masters of the Italian School, - 1914 Norfolk and Suffolk Painters (dessins et aquarelles), - 1915 Etchings by J. P. H (reproductions), - 1916 Trifles in Sculpture, - 1917 Remaining Drawings, - 1918 John Varley and his pupils (dessins et aquarelles). En dehors des dessins, cet amateur a réuni quelques très beaux tableaux, des estampes, des sculptures et des objets d'art. Une grande partie de sa riche bibliothèque passa en vente chez Sotheby les 17-18 mars 1921. Vente de ses antiquités grecques et romaines chez Christie le 19 avril 1921.
La marque fut apposée par la maison Colnaghi sur les dessins de leur achat de 1912 ; voir pour une seconde marque adoptée par M. Heseltine lui-même pour les estampes et dessins qu'il avait conservés, le L.1508.
 
VENTES
I. 1913, 27-28 mai, Amsterdam (chez Frederik Muller & Co). 32 Dessins par Rembrandt et nombre de dessins de l'école hollandaise. Les dessins de Rembrandt donnèrent lieu à des prix inconnus jusqu'alors et produisirent ensemble 301.300 flor. Citons e. a. : son propre portrait en pied 22.500 fl., Présentation au temple 10.200 fl., Jeune fille endormie 12.700 fl, Femme debout à sa fenêtre 19.000 fl. Femme nue assise 13.200 fl., Femme nue couchée 14.900 fl., Grand paysage 1644, 30.100 fl., Bords de l'Amstel 22.200 fl., Groupe d'arbres au bord de l'eau 20.000 fl. Hauts prix aussi pour les dessins d'autres maîtres hollandais, e. a. Avercamp, Amusements d'hiver près d'Alkmaar 820 fl., Berchem, Cavalier assis 1150 fl., A. Cuyp, Moulin. dans la plaine 1615 fl. et quelques belles vues panoramiques de 1000 à 1225 fl., Doomer, Paysan au bord de l'IJ 1800 fl., Everdingen, Environs d'Amsterdam, en couleurs 575 fl., A. van der Neer, Bord de l'eau 1300 fl., Rubens, Adam et Eve 1100 fl., J. Ruisdael, Ruines du Château d'Egmond 1350 fl., W. van de Velde, Calme plat 1425 fl., C. Visscher, Portrait de Jan de Paep 1450 fl., Zeeman, Large rivière 750 fl. Beaucoup des plus beaux dessins passèrent à Paris, bon nombre aussi furent acquis par des amateurs hollandais.
 
II. 1920, 25 mars, Londres (chez Sotheby). Dessins anglais, 106 nos, par Benwell, Bonington ( « On the balcony, Venice » £ 58), Budd, Clennell, Constable (16 nos, dont « Brighton Beach » 1824, £ 160, Brighton £ 170), Cotman, Downman (Portrait de sa femme £ 76), Edridge (Deux jeunes filles, l'une assise, l'autre couchée £ 115), Hawkins, Hogarth, Humphry, Morland, A. Stevens (Etude de figure, sanguine £ 94), Turner (Bateaux de Pèche et bateau à vapeur £ 100), Whistler (son portrait £ 96), Wilkie. Beaucoup des dessins provenaient de la vente du Dr. Percy (voir L.1504). - Produit £ 2700.
 
III. 1920, 7-9 juin, Londres (même direction). Estampes anciennes et modernes 479 nos. Parmi les maîtres les plus anciens : la série de cartes du Jeu de Tarot (incomplète des nos 9, 26 et 50) £ 300, le Maître de 1515 (Mars et Cupidon £ 70), Lorenzo Costa, Mantegna, Gir. Mocetto (le Baptême du Christ £ 132), Nic. de Modène, Montagna, Marc-Antoine, Aldegrever (Knipperdolling £ 36), Beham, Dürer (Adam et Eve £ 185, St. Jérôme dans sa cellule £ 122, Mélancolie £ 154, Le Chevalier de la Mort £ 235), van Meckenen, Schongauer (Le Christ en croix £ 131), Wechtlin ; des clairs-obscurs. Puis quelques beaux Ostade. Comme feuilles du XVIIIe siècle de belles gravures d'après Chardin, plusieurs de la coll. Goncourt, les meilleures entre £ 13 et £ 26, l'Etude du Dessin même £ 38 ; puis Saint-Aubin, Drevet, Greuze, Lancret, Lavreince, Moreau le jeune et Watteau. Dans les manières noires anglaises Dickinson d'après Reynolds (Lady Charles Spencer, 1r ét. £ 78), Earlom, V. Green ( « Prince Rupert », d'après Rembrandt, av. l. l. £ 135), Houston, MacArdell, Smith, etc. Belles séries du « Liber Studiorum » de Turner ( « Interior of a church », épr. d'art. £ 52) et de Lucas d'après Constable (les meilleurs £ 10 en moyenne). Enfin comme maîtres plus récents : Seymour Haden ( « A sunset in Ireland » 1r ét. publié, £ 110), Legros, Meryon (Le petit Pont 1r ét. sur japon, £ 145), Millet, Whistler ( « Notes », 5 lithos £ 86) et Zorn (Mme G. May £ 160, Mme Olga Bratt £ 260, et Mon Modèle et mon Bateau £ 140). - Produit £ 6424 9s.
 
J. P. HESELTINE, Londres.
 
Jusqu'à sa mort à l'âge de 86 ans, en 1929, il garda sa passion pour le beau dessin et toute sa vivacité d'esprit. Ses revenus n'étant plus les mêmes, malgré les réalisations auxquelles il dut se décider vers ses 70 ans, il abandonna son beau rôle de collectionneur, mais continuait à s'intéresser à tout ce qui se passait dans le domaine du dessin et de la peinture. La National Gallery profitait toujours de ses avis et le British Museum reçut encore de lui un don de six importants dessins, entres autres un nu de Rubens et deux belles feuilles d'Andrea del Sarto. Même la pratique de l'eau-forte l'occupait continuellement et il grava encore plusieurs planches avec cet esprit de jeunesse qui lui restait fidèle jusqu'au bout. De là aussi son admiration sympathique pour l'œuvre pétillant de Charles Keene, dont il conservait beaucoup d'esquisses spirituelles. Sa vaste maison d'Eaton Square n° 91, où il s'installa après avoir quitté l'intérieur plus artistique de Queen's Gate n° 196, restait toujours bondée de toutes sortes d'œuvres d'art, bien que de temps en temps il ait dû se séparer d'une pièce ou d'une autre. En 1922 il vendit à l'antiquaire Alfred Spero sa belle collection de bronzes italiens. Ce qui restait, à sa mort, de sa collection de tableaux, passa dans la vente VI citée ci-dessous. Le contenu de la demeure fut dispersé aux enchères à la mort de Mme Heseltine, dans la maison même, les 8-10 juillet 1935, par Sotheby & Co. Voir encore ses nécrologies dans le Burlington Magazine, avril 1929, p. 213 par Campbell Dodgson et dans Apollo, avril 1929, pp. 263-264 par F. Lugt.
 
VENTES
IV. 1933, 10 avril, Londres (chez Sotheby). Vente composée où passèrent 13 dessins de la collection Heseltine, sous 9 nos, pas très importants. Relevons seulement une feuille d'études de femmes s'habillant, par A. de St. Aubin, £ 25.
 
V. 1934, 25 avril, Londres (même direction). Dans cette vente figura un album de dessins anciens et modernes des écoles hollandaise, anglaise et française, vendu par ordre du fils du collectionneur, le lieutenant-colonel Christopher Heseltine. Les dessins étaient de petit format. L'album fit £ 35. Les dessins furent détaillés par l'acheteur.
 
VI. 1935, 27-29 mai, Londres (même direction). Tableaux et dessins, tous de la coll. Heseltine. La première vacation était consacrée aux tableaux, 103 nos, de différentes écoles et époques, parmi lesquels un pastel de Liotard, Dame turque tenant une longue pipe et sa servante, £ 600. La 2me vacation comprenait les dessins, pour la plupart anciens, 185 nos, où nous relevons comme Italiens et Espagnols : L. Signorelli, Homme couché, coll. d'Arezzo et Desperet £ 29 ; Franciabigio, Portrait d'homme à bonnet, coll. de Chennevières, £ 300 ; A. Canale, Vue de la Tamise avec le pont de Westminster en construction £ 390. Dans les Hollandais et Flamands : Rembrandt, Vue du bastion à côté de la Porte St. Antoine à Amsterdam £ 450, et Croquis de paysage avec ferme à gauche £ 50 ; Rubens, Trois femmes nues portant un panier, coll. Richardson et Defer-Dumesnil, £ 46. Dans l'école française : Boilly, Sa femme avec son bébé £ 120 ; Corot, « Flore », portrait de femme assise £ 400 ; Fragonard, Jeune fille dans un fauteuil avec grand coussin £ 268 ; Claude Gellée, Paysage classique, de 1663, coll. Wellesley et Bale, £ 240, Paysage avec des brebis £ 210 ; Géricault, Étude de trois figures pour le Radeau de la Méduse £ 60, et le Chiffre d'amour même prix ; Ingres, Portrait de dame, Rome 1841, £ 155 et Jeune fille assise, en pied, Naples 1813, £ 140. Dans l'école anglaise : Turner, Ehrenbreitstein, aq., £ 150 et Carnet de croquis, des coll. Munro et Novar, £ 170 ; Cotman, Le Mont St. Michel, 1831, £ 190, L'Alhambra £ 210, et L'Hôtel de Ville de Gand £ 155 ; Crome, Durham £ 70 ; Wheatly, Scène de foire, 1784, £ 94 ; Keene, deux lots de dessins £ 100 et £ 135. - Produit, avec les tableaux, £ 14.656 15s.
 
VII. 1935, 3-5 juin, Londres (même direction). Estampes anciennes et modernes, 589 nos. Dans cet ensemble nombreux de toutes les écoles et époques, en général bien choisi et de bonne qualité, il n'y avait que peu de pièces saillantes. Parmi les maîtres anciens : Dürer, Adam et Eve £ 240 ; Rembrandt, l'Ecce Homo en largeur, 6e état (suivant Hind) £ 310 et les Troix Croix, 4e état, £ 220. Il y avait aussi des clairs-obscurs, puis les burinistes français du XVIIIe siècle, et parmi les maîtres plus récents des écoles anglaise et française : Constable, Turner, Whistler (le « Limeburner », 1r état, £ 28) ; Meryon (Le Petit Pont, 1r ét., £ 28) et Forain (L'imploration devant la grotte de Lourdes, 1r ét., £ 75).
Les nombreux livres furent vendus aux mêmes dates, chez Sotheby.
 

JOHN POSTLE HESELTINE (Dilham 1843-Londres 1929), agent de change et graveur, Londres. Dessins anciens et estampes.

Heseltine, fils d’Edward Heseltine et de Mary Norfor, a épousé en 1866 Sarah Edmondson, dont il a eu sept enfants. Il a vécu toute sa vie à Walhampton, Lymington, Hampshire, mais aussi à Londres, d’abord au Queen’s Gate no 186, ensuite à Eaton Square no 91. Heseltine a été membre de l’Arts Club de 1868 à 1892.
Frits Lugt (1884-1970) a fait sa connaissance lors de son premier séjour à Londres en 1901. Il l’a décrit plus tard comme « un grand homme anglais typique, habillé en manteau... en pantalon à carreaux, un agent de change fortuné et un artiste dilettante doué » (Heijbroek 2010, p. 85).
Dans son exemplaire annoté du catalogue de vente de la collection de Jacob de Vos Jbzn, Amsterdam, 22-24 mai 1883, Heseltine a ajouté un croquis pour garder en mémoire la composition d’un dessin de Rembrandt, Maison rustique avec des arbres près de l’eau, no 400, acheté 265 florins par Alphonse Wyatt Thibaudeau (New York, Frick Collection) pour le compte du collectionneur. Heseltine passa souvent par des intermédiaires, comme le marchand d’estampes Noseda également, qui acquit pour lui un dessin de J.M.W. Turner, Bateaux de pêche près de l’île de White, 1827, dans la vente de Thomas Greenwood en 1875, 12-13 mars, Londres, Christies, no 230 (ensuite dans la vente Heseltine de 1920, 25 mars, Londres, Sotheby’s, no 183).
En 1878, Heseltine proposa d’aider James McNeill Whistler dans l’affaire qu’il avait perdue contre Ruskin en lui envoyant un chèque et en tentant d’organiser une souscription en sa faveur, ouverte dans les bureaux de L’Art, 134 New Bond Street. Le chiffre de départ avait été établi sur la base de 25 guinées. Whistler le remercia chaleureusement pour le chèque, mais en revanche, la tentative de souscription ne put aboutir. Whistler lui envoya un de ses pastels en témoignage de sa gratitude (voir E. R. et J. Pennell, The Life of James McNeill Whistler, vol. 1, Londres et Philadelphia 1908, p. 245).
Le catalogue de vente des dessins de Rembrandt de la collection Heseltine de 1913 a été rédigé par Frits Lugt. Sept des 32 dessins de Rembrandt sont aujourd’hui dans la collection de la Maison de Rembrandt à Amsterdam (P. Schatborn, ‘De geschiedenis van een tekening’, De kroniek van het Rembrandthuis, 1976, 1, pp. 19-27, à la p. 20) ; deux furent achetés par Strölin et Danlos pour Edmond de Rothschild (1845-1934) et se trouvent aujourd’hui au musée du Louvre, cabinet Rothschild (id., p. 27 et fig. 1).
Le cachet a été relevé, par exemple, sur un dessin de Bartolomeo Passarotti, Étude d’une femme assise endormie (vente 2016, 27 janvier, New York, Sotheby’s. Old Masters. The Collection of A. Alfred Taubman, no 9).

BIBLIOGRAPHIE
Anon., ‘The Heseltine Drawings – Sale of a unique collection’, The Times, 25 octobre 1912, p. 9.
Anon., ‘A true amateur of art’, The Times, 4 mars 1929.
Ch. Holmes, ‘Henry Oppenheimer. A Collector and His Ways’, The Studio, septembre 1936, p. 115.
U. Thieme & F. Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, t. 16, Leipzig 1923, p. 573, s.v. Heseltine, John Postle.
F. Heijbroek, Frits Lugt 1884-1970. Leven voor de kunst. Biografie, Bussum, Paris 2010, s.v. Heseltine, J.P.
L. Campbell, ‘Drawing attention. John Postle Heseltine, the Etching Revival and Dutch art of the age of Rembrandt’, Journal of the History of Collections, 26, 2014, 1, pp. 103-115.


Date de mise en ligne : juin 2016.


Frits Lugt, Les Marques de Collections de Dessins & d’Estampes | Fondation Custodia