ZACCARIA SAGREDO (Venise 1653-id. 1729), Venise. Dessins et estampes.
Cette inscription « P.O. no : 61 », que Frits Lugt a lue comme les initiales d’un nom suivies d'un numéro, correspond en réalité à la mention « Paeseggio Olandese », et le numéro, à un ordre de classement à l’intérieur de cet ensemble. En 1966, dans son introduction au catalogue d’exposition des dessins italiens du XVe au XVIIIe siècle, Hubert de Marignane interpréta, lui, cette annotation (et beaucoup d’autres du même genre), comme désignant la collection Borghèse. Selon le collectionneur, c'est Padre Resta (1635-1714) qui aurait composé pour la famille Borghèse l'insigne collection de dessins. Les inscriptions relevées par Marignane figurent sur plusieurs dessins d’un album et sur quelques feuilles isolées de sa collection ‒ laquelle compte environ 1 000 dessins achetés à Lyon par son père, Maurice Marignane (L.1872), peu après la Première Guerre mondiale.
Le même type d’annotations est également visible sur un ensemble de 35 dessins de l’École de Venise, acquis par le musée du Louvre dans les années 1981-1983. Une partie atteste la même provenance lyonnaise. Cet ensemble-là, différent du groupe acquis par Maurice Marignane (Bacou 1983, note 1), fut acheté en 1919 par un autre collectionneur. L’information selon laquelle les deux groupes de dessins vendus sur le marché de l’art lyonnais proviendraient de la famille de Boissieu − information que l'on rencontre parfois −, n’a pu être vérifiée.
Depuis la publication du catalogue d’exposition de Monte Carlo en 1966, la provenance des dessins où figurent les annotations relevées depuis Lugt est généralement donnée comme « Borghèse » ou « Borghèse-Resta ». La provenance « Borghèse », suggérée par Marignane, fut d’abord mise en question dans un catalogue de vente Christie’s du 9 juillet 1981. L’expert y constatait que le même type d’inscription, « F : no : 17 », sur un dessin décrit au no 132 (non illustré et de localisation actuelle inconnue) comme Philippe Caresme (1734-1796), ne pouvait pas avoir fait partie des « collections Zaccaria, Sagredo et Borghèse » à cause de la date de naissance de l’artiste. La suggestion qu’il pût s’agir alors d’une inscription de la fin du XVIIIe siècle a par la suite été acceptée par Richard Cocke dans son livre Veronese’s Drawings. A catalogue raisonné (Londres 1984, sous no 111). Il est étonnant de voir associés dans le catalogue Christie’s les noms Zaccaria et Sagredo à celui de Borghèse. En effet, les deux premiers patronymes désignent une seule et même personne : Zaccaria Sagredo. Dans un catalogue de la même maison de vente, daté de 1983, les inscriptions « B : no 39 » et « B : no 21 » sont à nouveau décrites comme provenant de la famille Borghèse (vente 1983, 29 novembre, Londres, Christie’s, no 89, comme Jacques Courtois). Cette même identification « Borghèse » apparaît dans les catalogues de vente jusqu’au milieu des années 1990, pour être remplacée peu à peu par « Sagredo-Borghèse ».
En 1980, William R. Rearick a décrit de façon minutieuse un portrait dessiné attribué à Carlo Carletti, conservé à l'Ashmolean Museum d’Oxford, en mentionnant d’autres dessins du même artiste comportant des numéros d’inventaire précédés des initiales C.C., ou de Carletto C., puis des nos 48 à 53. Cet auteur est en fait le premier à avoir clairement désigné ces numéros comme appartenant à l’inventaire de Sagredo et précisément indiqué que la provenance « Borghèse » suggérée par Marignane pour ce type de numéros était probablement erronée. En 1992, Karel Boon hésita encore à remplacer définitivement l’identification « Borghèse », mais il ne citait plus ce nom en écrivant qu’un dessin de Gilles Claesz. de Hondecoutre, Paysage avec des arbres auprès d’un étang, avec l’inscription « P.O. no 43 », appartenait à un « collectionneur italien non identifié, peut-être Zaccaria Sagredo » (The Netherlandish and German Drawings of the XVth and XVIth Centuries of the Frits Lugt Collection, Paris 1992, no 127, note 2). Depuis lors, de plus en plus de passionnés de dessin, conservateurs et collectionneurs, acceptent sans réserve que les annotations relevées plus haut ne proviennent ni de la famille « Borghèse » ni de Padre Resta, mais bien de Zaccaria Sagredo (1653-1729), collectionneur vénitien de renom.
Plusieurs études sur la collection Sagredo nous aident à présent à esquisser sa reconstruction. Selon W.R. Rearick, c’est le doge Nicolò Sagredo (1606-1676) qui est à l’origine de la collection familiale et c’est à lui que reviennent les prémisses de la collection, vers le milieu du XVIIe siècle. Rearick formule l’hypothèse que Nicolò Sagredo aurait acquis en 1651 l’essentiel du fonds de dessins de la famille Dal Ponte, soit le fonds d’atelier de Bassano (Rearick 1995, p. 132 ; Rearick 2001, p. 229, note 259). Cette collection passa après la mort du doge en 1676 dans les mains de son frère, Stefano Sagredo (1620-1685), puis dans celles de son fils, Zaccaria Sagredo. Rearick suppose que c’est d'ailleurs ce dernier qui aurait enrichi la collection familiale des dessins du fonds Caliari peu après 1681.
On suppose d'autre part que Peter Lely (1618-1680) a pu acheter quelques feuilles à Nicolò Sagredo ou à son fils, Stefano Sagredo, mais nous n’en savons pas davantage (vente 1993, 2 juillet, Monaco, Christie’s, p. 6 : « Dessins italiens d’un album ‘Sagredo-Borghèse’ de la collection d’un amateur français », Rearick 1995, p. 133, note 5).
Le plus ancien inventaire de la collection Sagredo ne mentionne que des tableaux et ne porte pas de date, mais on sait qu'il a été rédigé entre 1685 et 1698 (voir Mazza 2004). Zaccaria Sagredo a régulièrement augmenté le fonds familial de dessins. À l’époque, l'un des fonds de dessins précieux qui jouissait d’une réputation internationale appartenait à Bartolomeo Bonfiglioli, héritier de Silvestro Bonfiglioli († 1696), de Bologne. Jonathan Richard le Vieux (1665-1745) et son fils, Jonathan Richardson le Jeune (1694-1771), ont visité le palais Bonfiglioli à Bologne lors de leur séjour en Italie. Leur description des lieux commence comme suit : « Bologna. In the Palace Bonfiglioli. Drawings. The Drawings here mention’d are some of those in Frames and Glasses hung in the Appartments: Signior Bonfiglioli has many more in Books, but he being out of Town, I lost the Sight of them. » (voir J. Richardson Senior et Junior, An Account of some of the Statues, Bas-reliefs, Drawings and Pictures in Italy, &c. with Remarks, Londres 1722, p. 30 ; Ottawa 1982, p. 34). Ce qui suit constitue une description détaillée, parfois assortie d'un commentaire, d’une soixantaine de dessins encadrés (pp. 30-33). Ainsi : « Raffaele. Abraham offering Isaac ; Angel bringing down the Lamb, manner of Jos. before Pharoah (my Father’s) something different from the Print. » (p. 32, 1re entrée). C’est vers la fin de 1727, ou au début de 1728, que Zaccaria Sagredo est parvenu à acheter en bloc toute la collection, ce pour la somme de 3 000 sequins. Dans une lettre d’Anton Maria Zanetti à Francesco Maria Gabburi, datée Venise 11 janvier 1728, il écrit : « la non mai abbastanza lodata collezione del quondam Buonfigiuoli di Bologna, ora qui trasportata, e comprata da questo eccellentissimo Sagredo per prezzo di tre mila zecchini di giusto peso » (G.G. Bottari et S. Ticozzi, Raccolta di lettere sulla pittura, scultura ed architettura scritte da’ più celebri personaggi dei secoli XV, XVI, e XVII, t. II, Rome 1757, p. 151).
Nous ignorons à quel moment Jonathan Richardson Sr. a pu acquérir un dessin de la collection Sagredo (Londres, British Museum, Prints & Drawings, inv. 1946,0713.23 ; voir Ballarin 1971, p. 150, note 36 ; Rearick 1995, p. 133, note 5 ; B. Meijer, 'Un corpus di disegni e l'album di Palma Giovane', Osservatorio delli Arti, Bergamo 1988, p. 49 ; A. Ballarin, réédition de l’essai de 1971 augmentée de notes dans Jacopo Bassano Scritti 1964-1995, Cittadella 1995, I, p. 196, II, fig. 364).
Zaccaria Sagredo légua sa collection à son neveu Gherardo Sagredo († 1738), qui la conserva intacte, conformément aux souhaits de son oncle. L’inventaire rédigé après le décès de Gherardo fournit une liste des tableaux, dessins, estampes, sculptures, camées, tapisseries, bijoux, etc. (Venise, Museo Civico Correr, Bibliothèque, Mss PD c 2193/IV et Mss PD c 2750/VIII). Dans son testament, Gherardo donne l’autorisation à son épouse et à ses filles de disposer comme elles l’entendent de la collection. Sa veuve, Cecilia Grimani Sagredo († 1755), vendra un petit nombre de tableaux et de livres de la bibliothèque, mais tentera en revanche de vendre la collection de dessins dans sa totalité. Dans l’inventaire de 1738, il est ainsi question d’environ 8 000 dessins, rassemblés pour la majorité d'entre eux en 57 volumes, mais aussi de 180 dessins encadrés, et d’autres encore, répartis en 17 grands portefeuilles, toutes écoles confondues (« disegni sciolti in 17 cartoni grandi di tutte le scuole, e delli autori più celebri »).
Un volume de dessins de l’École de Vérone a, semble-t-il, été vendu en 1743 à un acheteur inconnu. La même année, Algarotti, l’intermédiaire chargé de l’achat des œuvres en Italie pour le compte de l’électeur de Saxe, a écrit en juillet 1743 au comte Heinrich von Brühl (1700-1763) en lui suggérant l’achat de la collection d'un seul tenant. (Posse 1931, p. 45 ; Bettagni et Magrini 2002, pp. 95-98, lettre no 30). Le mois précédent, Algarotti avait déjà établi une liste de dessins de la collection, soit en volumes, soit encadrés et accrochés. Elle dénombrait 4 415 dessins répartis en 50 volumes, et 100 dessins environ, encadrés. Alice Binion a reproduit pour la première fois cette liste, intitulée Catalogo dè libri di Dissegni che si trovano nello Studio della Casa Sagredo, et établie d’après le manuscrit de Francesco Algarotti conservé dans les papiers du comte Brühl à Dresde (Binion 1983, pp. 392-396).
La comparaison entre la liste de 1743 et celle de février 1740 (Gottardo 2005, p. 251, doc. 2) permet de comprendre qu’il manquait sept volumes en 1743 et que des dessins avaient déjà été prélevés au sein d’autres volumes (Gottardo 2005, p. 243).
Des albums de dessins comprenant le même type d’annotations existent également, mais ne semblent pas décrits dans l’inventaire de Gherardo Sagredo : un album avec des dessins de Gregorio Lazzarini et un autre, consacré à Gasparo Diziano (cf. Scarpa 1987).
En fin de compte, Cecilia Sagredo n’a pas vendu la collection, en bloc, à l’électeur de Saxe, à Dresde, et, à sa mort, les œuvres reviennent donc à ses deux filles, Catarina Barbarigo et Marina Sagredo Pisani († 1774), puis aux deux nièces de cette dernière, Contarina et Cecelia Barbarigo.
Un premier inventaire des dessins en volumes, non datés, est conservé aux archives de Venise (Gottardo 2005, pp. 253-254, doc. 7). Ce document a été rédigé avant 1762 car il énumère les volumes de dessins vendus cette année-là au consul Joseph Smith (1682-1770) et à son successeur, le consul John Udny (1727-1800). C’est sans doute dans le but de ces ventes à venir que les héritiers s'étaient adressés au peintre Pietro Longhi, qui réalisa une estimation des dessins en volumes le 14 septembre 1762 (Gottardo 2005, p. 252, doc. 5), et des dessins encadrés, le 20 septembre 1762 (Gottardo 2005, p. 251-253, doc. 3 et 6). Selon une note inscrite au bas du second document, c’est cet ensemble de dessins qui a été vendu le 20 octobre 1762 à Udny.
Nous ne savons pas exactement ce qui été acheté ce jour-là (voir Mazza 2004, pp. 268-271), mais nous en avons toutefois une petite idée ! Les quatre volumes de dessins de Castiglione appartenant à Smith ont été vendus en un seul lot au roi George III et se trouvent aujourd’hui à la Bibliothèque Royale de Windsor (Bettagni et Magrini 2002, p. 206, note 330, lettre no 71, Francesco Algarotti à Anton Maria Zanetti le Vieux, Bologne, 16 janvier 1759). Une liste du 27 septembre 1762 est conservée dans les archives de la bibliothèque Correr (Mss. P.D.C. 2193/VII ; voir Brunetti 1951 et Binion 1983, p. 393, note 12). Elle détaille les montants proposés et les prix réellement payés par Udny pour un groupe de dessins en feuilles et pour des dessins en volume (Gottardo 2005, p. 251, doc. 4). Le relevé des payements du 18 novembre 1762 est plus précis (id., p. 251-252, doc. 5). Sur les premiers plats de ces volumes figurent les armoiries de Sagredo, comme le mentionne le catalogue de vente, à Londres, des dessins provenant de quatre volumes de la collection Sagredo (vente 1883, 15 juin, Londres, Christie’s, Manson & Woods, Catalogue of the Sunderland Collection of Drawings by Old Masters ; comprising Works of the Italian, Flemish, and German Masters, formed originally by the Bonfiglio Family, of Bologna..., p. 3 [Lugt Rép. 43147] ; J. Byam Shaw, The Italian Drawings of the Frits Lugt Collection, vol. 1, Paris 1983, sous le no 222, note 1).
Il nous manque encore quelques renseignements sur l’année correspondant à l'achat de dessins de la collection Sagredo par Jacopo Durazzo (1717-1794), à Gênes (mentionné par Rearick 1995, p. 133, note 5), et de deux volumes de dessins de Palma le Jeune par le conte Carrara, aujourd’hui conservés à l’Accademia di Carrara de Bergame (mentionné dans la notice de la vente 1993, 2 juillet, Monaco, Christie’s, p. 6 : « Dessins italiens d’un album ‘Sagredo-Borghèse’ de la collection d’un amateur français »). Dans les deux cas, les inscriptions relevées sur les dessins comme « aqueta », « lapis » et « paruta » ont suggéré à plusieurs auteurs de les attribuer à Sagredo, mais Ballarin reste prudent sur cette identification.
À l’heure actuelle, aucun volume de dessins ne nous est parvenu dans son état d’origine. Cependant, à partir de documents d’archives, nous pouvons déduire certaines règles qui ont ordonné leur organisation. Ainsi, la majorité des volumes rassemble des dessins de différentes mains dans un agencement peu cohérent et qui échappe à un classement par écoles. Certains volumes réunissent les dessins par sujets (marines, animaux, botanique), tandis que dans d’autres, il peut y avoir des dessins d’un seul artiste.
À l’intérieur de ces volumes, les dessins étaient fixés sur les feuilles par de petits onglets. Disposés aux quatre coins et au verso du dessin, ils étaient encollés directement sur la feuille. La présence de ces onglets, souvent grossièrement coupés dans un papier aussi épais que celui des volumes, a le mérite de rendre la provenance de ces dessins aisément reconnaissable. Les feuilles de chaque volume mesurent environ 70 x 42 cm ; sur chacune d'elles sont montés un ou plusieurs dessins.
On trouve souvent des inscriptions à la plume sur les dessins ou sur leur montage. Celles-ci font référence à l’école (« SO », « SV », etc.), au nom de l’artiste (« Di Paolo »), ou au nom de son atelier (« B.B » ou Bottega dei Bassano), et sont suivies d'un numéro. Les variantes graphiques que l'on observe entre elles suggèrent qu’elles sont probablement de mains différentes. Cependant, une graphie plus serrée est souvent visible au recto des dessins et permet des attributions considérées, aujourd’hui encore, comme fondées dans la plupart des cas.
Une fois les dessins intégrés aux volumes, les inscriptions au verso de certains d’entre eux n’étaient plus visibles, ce qui suggère alors que leur classement existait déjà avant leur incorporation dans des volumes, ce qui simplifia à la fois repérages et identifications. En effet, la numérotation qui suit les initiales ou le nom entier des artistes, devait indiquer la succession des dessins sur chaque feuille à l’intérieur de chaque volume. Il s’agit en principe d’une double numérotation : celle apposée au recto du montage est souvent inférieure à celle figurant au verso du dessin, ce qui induit l'idée que plusieurs dessins ont pu être ôtés des volumes. Nous ne sommes pas encore en mesure de reconstruire aujourd’hui l’ordre initial et de recréer un lien avec les dessins ainsi prélevés. Notons que plusieurs se trouvent actuellement dans des collections publiques. La seconde numérotation peut également plaider en faveur d’un remaniement ou d'un reclassement des dessins.
Le nombre d’abréviations utilisées par Sagredo est important et va largement au-delà de la seule inscription reproduite par Lugt. En général, il s’agit d'abréviations indiquant une école, mais plusieurs d'entre elles représentent aussi les initiales d’un d’artiste. Une première liste a été publiée par Hubert de Marignane (Monte Carlo 1966, p. 13), mais celle que nous donnons ici est plus complète et offre les sigles inventoriés jusqu’à présent, sans toutefois prétendre à l’exhaustivité. Les numéros indiqués à la suite se rapportent à des numéros répertoriés au jour d'aujourd’hui. Nous ne donnons ici que deux numéros, le plus petit et le plus grand :
« B. » ou peut-être Borgognone (Jacques Courtois), répertorié no 21 et no 30 ; « B.B » ou Bottega dei Bassano [Bottega Bassanesco pu Bassanese], no 1 au 97 ; « C.C. » ou Carletto Caliari no 11 jusqu’au no 48 ; « di Paolo » [Caliari, dit Veronese], no 80 et no 98 ; « D.G. », no 19 ; « D.P. » ou Disegni [di] Paolo ou Di [Da] Paolo [Veronese] no 12 au no 106 ; « D.S. », no 11 et no 119 ; « D.T. » ou Disegni [di] Tiziano, no 5 ; « F » ou Francese (?), Farinati (?), n° 10 et n° 17 ; « G.P. » ou Giacomo [Gruppo ?] Palma no 14 au no 343 ; « I.T. » ou Jacopo Tintoretto, no 3 au no 39 ; « M.F. » ou Maestro Fiorentino, no 3 au no 88 ; « O » ou Oltramontano (Transalpine) ; « P » ou Paolo Veronese, no 25 au no 84 ; « P.B. » ou il Ponte di Bassano (?), no 100 ; « P.G. » ou Prete Genovese (Bernardo Strozzi), no 1 au no 81 ; « P.O. » ou Paesaggio Olandese, no 3 au no 176 ; « S.B. » ou Scuola Bolognese, no 19 au no 128 ; « S.F. » ou Scuola Fiorentina, no 1 au no 232 ; « S.G. » ou Scuola del [Palma] Giovane, no 23 au no 77 ; « S.L. » ou Scuola Lombardo, no 40 au no 83 ; « S.M. » ou Scuola Milanese, sans no ; « S.O. » ou Scuola Oltramontana (École Transalpine), sans no ; « S.P. » ou Scuola Piemontese, no 10 au no 67 ; « S.R. » ou Scuola Romano, no 9 au no 201 ; « S.T. » ou Scuola di Tiziano, no 3 au no 14 ; « S.V. » ou Scuola Veneta ou Veneziana, no 3 au no 194 ; « T. » ou Tiziano, no 1 au no 6.
Cette énumération de sigles permet de reconnaître l’appartenance de dessins à la collection Sagredo. Nous avons décidé de ne pas donner de numéro à part pour les 25 variantes de ces sigles.
Zaccaria Sagredo était non seulement un collectionneur de dessins, mais aussi d’estampes. La valeur de sa collection d’estampes a très vite été reconnue et John Breval, qui visitant Venise en 1723, a pu dire à son sujet qu'il s'agissait de la plus importante collection d'Europe : « the largest collection of prints of any man in Europe » (voir J.D. Breval, Remarks on several parts of Europe relating chiefly to their antiquities and history, collected upon the spot in several tours since the year 1723, vol. 1, Londres 1738, p. 230). La passion de Zaccaria Sagredo pour les estampes justifie sans doute qu’Antonio Maria Zanetti lui ait dédié en 1725 un chiaroscuro d’après Parmigianino, La Mise au tombeau de Christ (Londres, British Museum, Prints & Drawings, inv. 1958,0712.33). Sagredo possédait également un volume d’estampes de Rembrandt et de son École, composée de 697 planches environ, que les héritiers ont vendu avec sept autres à John Udny (voir Rutgers 2002, pp. 318-319). La collection, renseignée avec précision en 1738 par plusieurs listes de volumes d'estampes montées rassemblait 22 500 feuilles, dont Giorgio Marini a publié l’essentiel. Le mérite revient en outre à Marini d'avoir localisé un des volumes encore complet : celui consacré aux estampes de Jean Lepautre dans une reliure aux armes de Sagredo et conservé au Fitzwilliam Museum de Cambridge.
SOURCES
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Dresde, Sächsisches Landeshauptarchiv Dresden, Geheimes Kabinett, Loc. 379 (Catalogo de’ Libri di Dissegni che si trovano nello Studio della Casa Sagredo).
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Date de mise en ligne : novembre 2013 ; dernière mise à jour : novembre 2018.